Dans le cadre des activités de commémoration du Printemps berbère, I'un des principaux détenus d'Avril 1980 et ex-n°2 du FFS, le Dr Saïd Khelil, était avant-hier, l'hôte successivement des communes d'Aït Yahia, puis d'Iferhounène. Elaboré par l'Association culturelle Tafat du village Aït Atsou et Thiziri de Bouidel, en collaboration avec la Maison de jeunes et l'APC, le programme d'animation a fait le tour de la question amazigh depuis l'Indépendance nationale à nos jours. La conférence de cet ex-détenu d'Avril 1980 a porté sur les éléments historiques et les perspectives du Printemps berbère, reliant la problématique identitaire et culturelle au cadre démocratique qui a toujours fait défaut. Après une rétrospective dans l'histoire de ce mouvement avant son aboutissement à Avril 80, le conférencier a rappelé d'abord les faits qui ont déclenché la protestation et la motivation démocratique du mouvement. M. Khelil a estimé que “le combat des militants était un combat politique pour la liberté, la justice et une démocratie nationale”. Il a évoqué au cours des débats les conditions d'un développement durable qui, selon lui, ne sont pas encore réunies. “Aujourd'hui, explique-t-il, le combat prend une autre allure, mais rien n'a changé dans le fond en dépit d'acquis réels sur le plan identitaire et culturel. Le progrès économique dépend essentiellement du système politique et de ses modes de gestion”. Le public, nombreux, constitué en majorité de jeunes, voulait qu'on établisse un bilan et une relation avec les réalités actuelles du pays. “On n'est pas des décideurs, mais des militants. Le Printemps berbère appartient désormais à l'histoire. Nous avons juste sorti de l'ombre la question amazigh. Actuellement, il y a d'autres causes, comme celle de l'emploi, de l'éducation, du développement en général”. Le conférencier fera une liaison entre la culture et l'économie. “L'économie est synonyme de savoir ; on doit apprendre à nos enfants à réfléchir”. Faisant allusion au Printemps noir, il dira : “La réflexion politique est très importante dans l'action.” Par ailleurs, M. Rachid Aït Ouakli, autre animateur du mouvement estudiantin à Tizi Ouzou, a rappelé en cette occasion les tenants et les aboutissants du Printemps berbère au niveau de l'université. Le débat a été riche, quelquefois enthousiaste, replongeant la nombreuse assistance pendant des moments émouvants dans une atmosphère passionnante que l'on ne retrouve plus, malheureusement, même dans nos universités. Avril 2008 fera-t-il, cette fois-ci, renaître de ses cendres la fraternité mobilisatrice que les acteurs de l'époque ont su imprimer au mouvement, malgré la répression et les prisons. KOELLA TIGHILT