Les résultats obtenus par les indépendants lors des élections législatives de mai dernier se confirment encore une fois avec une présence renforcée au sein des Assemblées populaires communales et de wilaya (APC/APW), à l'occasion des élections locales du 23 novembre. Avec 35 communes où ils arrivent majoritaires, les candidats indépendants rivalisent désormais avec plusieurs partis politiques, dont des ténors de la scène politique, à l'image du FLN, du RND, du FFS, du PT ou encore du MSP. Dans plusieurs wilayas, les structures politiques ont chuté, laissant place à des personnes qui ont osé mener l'aventure de l'élection avec leur population. A Alger, à Béjaïa comme à Tizi Ouzou, pour ne citer que ces exemples, beaucoup d'électeurs ont accordé leur voix aux indépendants. La leçon que vient de donner aux partis politiques le candidat à sa propre succession, Abdelhakim Bettache, à la tête de l'APC d'Alger- centre, est édifiant. L'ex-coordinateur MPA de la wilaya d'Alger qui a claqué la porte du parti il y a quelques mois après un différend avec Amara Benyounès a détrôné huit partis politiques (FLN, RND, FFS, RCD, MSP, MPA, TAJ, Front et Moustakbal) en lice pour sa commune. Bettache a raflé la majorité des sièges avec 5013 voix, loin derrière le FLN arrivé en deuxième position avec 987 voix. Le candidat de «La Perle d'Alger» a donné une véritable leçon de renouvellement de confiance à quelqu'un qui a bien servi sa municipalité. Ce qui n'est pas toujours le cas pour les structures politiques dont les élus ont presque tous été sanctionnés. A Tizi Ouzou, les indépendants sont arrivés en tête dans une dizaine de communes, dont celle du chef-lieu, Freha, Makouda, Bounouh, Frikat, Azazga, Beni Douala et et Ath Oumalou. Des résultats qui prouvent cette percée, notamment en Kabylie, où les dissidences au sein des deux partis traditionnels, le FFS et le RCD, sont courantes. Le cas de Ouahab Aït Menguellet, maire sortant de la commune de Tizi Ouzou, ne souffre aucune ambiguïté. Après avoir quitté le RCD l'été dernier, il se lancera dans la course à sa propre succession en tant que candidat libre de la liste ‘'Tagmatt''. Avec 15 sièges sur 33, Aït Menguellet a déclaré hier : «c'est la victoire de la population de Tizi Ouzou. C'est la victoire des gens honnêtes». Des propos qui semblent viser son ancien parti, le RCD, qui l'a chargé d'accusations depuis sa démission. A Béjaïa, 9 mairies sont revenues aux indépendants, notamment à Tazmalt où Ghozali Redjdal, candidat de la liste ‘'Assirem'', a raflé 11 sièges sur 19, alors que l'ancien délégué du mouvement citoyen des Arouch, Ali Gherbi, a été élu P/APC de la commune d'El Kseur. Salhi Mouloud, quant à lui, acteur connu dans le milieu associatif avec l'association Etoile culturelle d'Akbou, a eu la confiance des électeurs de cette commune. Des exemples qui reflètent, si besoin est, la tendance citoyenne à élire des personnalités actives sur le terrain, au moment où le rejet des candidatures partisanes se fait de plus en plus sentir. Cependant, un autre facteur expliquant la percée des indépendants lors des élections locales se situe dans la particularité de ce scrutin où les citoyens ont tendance généralement à voter pour les personnes, non pas pour les idéologies partisanes ou les programmes politiques. Du moment qu'il s'agit de la gestion des affaires locales, les électeurs choisissent d'abord la personne connue pour son honnêteté avant toute autre considération.