D'un statut d'importateur de ciment, l'Algérie passe à celui d'exportateur. Ainsi, grâce aux usines lancées ces dernières années, l'Algérie effectuera, ce mardi, sa première opération d'exportation de ciment, a annoncé, hier, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi. Il s'agit de l'exportation du ciment gris qui se fera à partir du port d'Arzew (wilaya d'Oran) vers la Gambie, a précisé le ministre lors de la 2e édition du symposium international sur le transport des marchandises, mais sans préciser la quantité qui va être exportée ni l'entreprise exportatrice. Mais la société LafargeHolcim Algérie a annoncé dans un communiqué qu'elle réalisera sa première opération d'exportation de ciment gris, mardi prochain, à partir du port d'Arzew vers un pays d'Afrique de l'Ouest. Cette opération d'exportation, a-t-elle détaillé, porte sur 16 000 tonnes de ciment gris en vrac fabriqué par sa cimenterie d'Oggaz (wilaya de Mascara). L'opération confirme ainsi «l'engagement sans faille de LafargeHolcim Algérie au développement économique et social en particulier pour la diversification des revenus extérieurs hors hydrocarbures de l'Algérie», souligne-t-elle. Juin dernier, le groupe Lafarge-Holcim Algérie avait déclaré qu'il entamerait ses premières opérations d'exportation du ciment gris et du clinker le premier trimestre 2018 vers des pays de l'Afrique de l'Ouest. Selon le directeur des relations publiques de l'entreprise, Serge Dubois, «En Algérie, il va y avoir un excèdent de 10 millions de tonnes/an de ciment à l'horizon 2020. Il y a un consensus autour de ce chiffre et vu les capacités qui sont en train d'être installées, on se prépare déjà à exporter nos excédents», a précisé Dubois, expliquant que son groupe envisage, dans une première phase, d'exporter 50 000 tonnes de ciment dès le premier trimestre 2018 vers les pays de l'Afrique de l'Ouest. S'agissant du choix de l'Afrique de l'Ouest, le responsable a expliqué que Lafarge-Holcim dispose d'une structure dédiée au commerce international, Lafarge-Holmium Trainding, qui détient 50% des échanges du ciment circulant autour de la Méditerranée et de l'Afrique de l'Ouest, «ce qui va nous permettre de trouver des débouchés aux produits algériens». A ce propos, le directeur des partenariats du groupe Lafarge-Holcim Algérie, Hedi Rafaî, a expliqué de son coté que le marché ouest-africain est déficitaire et constitue une «bonne opportunité» pour exporter les produits algériens. «L'Afrique de l'Ouest importe actuellement quelques 21 millions de tonnes de ciment par an. C'est un marché à très forte croissance vu sa grande démographie, l'immigration de la population vers les centres urbains, le manque de calcaire, la matière première pour le ciment, et de l'énergie chez les pays de la région. L'Algérie peut, donc, prendre sa part de dans ce marché», a-t-il déclaré. Pour se préparer à ce genre d'opération, Rafaî a souligné que «des contacts étaient lancés depuis 6 mois avec le ministère des Transports et les institutions portuaires pour préparer les quais, les aires de stockage et les moyens de manutention, afin de dégager des plates-formes au niveau des ports». L'Algérie consomme annuellement environ 22 millions de tonnes de ciment dont 18 millions de tonnes sont produits localement et près de 4 millions de tonnes issues de l'importation. La production nationale de ciment est dominée par le secteur public, notamment par le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) qui produit plus de 11,5 millions de tonnes par an, représentant 65% de la production nationale globale, le reste (35%) étant assuré par le secteur privé. Les pouvoirs publics ont entamé un vaste programme de réalisation de nouvelles cimenteries qui devraient permettre de combler le déficit dans un marché en pleine expansion. L'Algérie sera auto-suffisante en ciment d'ici le début de l'année prochaine et ce grâce à la réception de plusieurs projets avec un apport supplémentaire de plus de 4 millions de tonnes.