C'est officiel. Le gouvernement n'ira pas, en l'état actuel des choses, vers une abrogation pure et simple du service civil, mais, il a décidé de mettre la main à la poche. Les médecins résidents affectés dans ce cadre, auront droit à une indemnité conséquente d'accompagnement. D'une source digne de foi, on apprend que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a eu le feu vert du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour aller vers la révision du service civil dans le cadre de la nouvelle loi sanitaire actuellement à l'étude au niveau de la chambre basse du Parlement. Cette révision comprendra «une mesure à caractère financier, sous forme d'une indemnité à verser pour les médecins résidents au cours de leur affectation», précise notre source, préférant ne pas s'avancer sur le montant «encore à l'étude». Mais, de toute évidence, l'indemnité sera assez conséquente pour convaincre les médecins résidents en grève cyclique de deux jours depuis le 14 novembre à mettre fin au mouvement et à rejoindre définitivement leurs services. Il s'agit donc de mesures incitatives au lieu de l'abrogation définitive du service civil. Laquelle option «reste exclue pour l'instant», tranche la même source. Et de rappeler que le professeur Mokhtar Hasbellaoui était clair sur le sujet, estimant qu'il n'y a actuellement pas dans le système de santé algérien d'alternative à ce service. Ce qui devra changer «c'est la forme et les conditions d'exercice».Ainsi, outre l'indemnité financière à verser aux médecins résidents et calculée selon les zones et terrains d'affectation, deux autres nouveautés devront être introduites. «Il s'agit d'un logement décent et équipé et d'un plateau technique adéquat», affirme notre source. Ces mesures permettront de répondre à la problématique du regroupement familial pour les médecins résidents mariés qui passent des mois à réclamer un lieu d'hébergement. Mais aussi, aux difficultés d'exercice dont se plaignent souvent les concernés lorsqu'ils sont envoyés dans des zones reculées du pays, ne disposant de très peu, sinon d'aucun moyen. Hadjar entre en scène Face à la pression et à la grande mobilisation des médecins résidents, le gouvernement a donc fini par céder en répondant favorablement à l'une, ci ce n'est à la principale de leurs revendications. Les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) ont, pour rappel, à maintes fois, expliqué que «si les autorités n'étaient pas en mesure d'aller dans l'immédiat vers une abrogation du service civil, autant mettre en place des mesures incitatives tant sur le plan financier, de la prise en charge et des conditions de travail, pour nous inciter à l'accepter». Reste à savoir si ces mesures suffiront à calmer les esprits, car jusqu'à hier encore, les protestataires menaçaient de radicaliser la protesta.« L'option d'une grève illimitée n'est pas écartée d'autant plus que l'adhésion au mot d'ordre est acquis à travers toutes les facultés», prévient Dr Nehlil, représentant du Camra à Tizi-Ouzou. Pour son camarade, Dr Taileb d'Alger, à moins d'une prise en charge effective des doléances, « rien ne fera reculer la protestation ». Il faut dire que la grève est largement suivie et «à plus de 90%», pour la quatrième semaine de suite. Aujourd'hui, les médecins résidents des trois wilayas du centre se donnent rendez-vous au CHU Mustapha-Pacha, pour un grand rassemblement. Entre temps et après la rencontre avec le ministre de la Santé, celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, « Tahar Hadjar, va, à son tour, recevoir les représentants des médecins résidents, au plus tard en fin de semaine», indique notre source. La réunion que Hadjar «présidera en personne» pourrait même intervenir demain. Une commission mixte regroupant les deux départements avait été installée, et continue de se réunir. Pour Dr Taileb, « Installer une commission sans nous associer est une erreur car c'est nous qui sommes sur le terrain».