Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) estime urgent l'élaboration et l'adoption d'une loi organique pour la généralisation de la langue tamazight. Les manifestations que connaissent beaucoup de wilayas depuis des jours constituent une menace sur la cohésion nationale. Réuni en session ordinaire ce week-end, le bureau national de la jeunesse libre RCD a tiré la sonnette d'alarme, se disant «plus que jamais convaincu que l'officialisation effective de notre langue ancestrale ne peut être différée sans risque sur la cohésion nationale». Les évènements de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira, de Batna et de Bordj Bou Arréridj, pour ne citer que ces wilayas, doivent donner à réfléchir aux autorités. Le parti de Mohcine Belabbas n'y va pas pour autant par trente-six chemins car la solution se trouve dans la mise en place de mécanismes d'accompagnement de son officialisation consacrée dans la Constitution. «Une loi organique qui généralise son enseignement sur tout le territoire national et sa pleine intégration dans toute la vie sociale et politique du pays est une urgence», écrit la jeunesse libre du RCD dans un communiqué sanctionnant les travaux de sa session. Mais ce n'est pas la seule urgence, car «il en est de même pour la mise en place de l'académie de Tamazight, inscrite aussi dans la constitution de 2016», soutient-elle encore. Et sur cette question, le RCD ne mâche pas ses mots contre le pouvoir qui, selon lui, manque de volonté pour consacrer sur le terrain l'officialisation de la langue tamazight. «Les louvoiements enregistrés pour son installation (l'académie, Ndlr) démontrent, à eux seuls, l'absence d'une volonté politique pour concrétiser un article (article 4) arraché de haute lutte dans la Constitution et qui consacre enfin Tamazight comme langue nationale et officielle», dénonce le parti. En novembre dernier, le parti s'était abstenu à l'APN suite à l'amendement proposé par la députée du PT, Nadia Chouitem, dans le cadre du projet de loi de finances portant promotion de la langue tamazight. Le RCD avait considéré que «le soi-disant amendement proposé ne vise la création d'aucun fonds, ni impôt pour la promotion de tamazight», reprochant au parti de Louisa Hanoune de «vouloir marchander» avec la cause amazighe. La jeunesse libre du RCD a, par ailleurs, débattu de la situation socioéconomique du pays, réagissant aux derniers chiffres de l'ONS concernant le taux de chômage en Algérie qui a atteint 11,7%. Ce nouveau chiffre «ne reflète pas une réalité amère sur le terrain», assène le bureau national de JLRCD. «L'interdiction des recrutements dans la Fonction publique et le ralentissement économique ont jeté de larges couches de la population dans la détresse et un chômage de longue durée, en particulier pour les jeunes», fera remarquer le parti, avertissant que «la reconduction de la même politique dans la loi de finances 2018 qui vient d'être adoptée par la majorité présidentielle ne peut qu'assombrir l'avenir». Et de se référer au dernier rapport de l'ONU sur la situation en Algérie, prévoyant «une croissance économique 2,6% en 2018 pour baisser à 2,2% en 2019 avec une accélération de l'inflation». Enfin et à propos de la situation au sein de l'université, le RCD dit avoir enregistré une forte multiplication des mouvements de protestation des étudiants contre la dégradation des conditions socio-pédagogiques dans les différentes résidences et campus universitaires, accablant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui est resté «sans réaction».