Un vibrant hommage a été rendu lundi soir par l'association culturelle Cirta des Issers, dans la wilaya de Boumerdès, à l'écrivain et dramaturge marocain Abdelkrim Berrechid pour ses 75 ans. L'évènement était l'occasion pour le café littéraire de Cirta de décortiquer le parcours de cet écrivain qui a tant donné pour le théâtre dont l'un de ses travaux artistiques a été réalisé par le théâtre national algérien (TNA) et joué par des comédiens nationaux. Ce café littéraire a été consacré à l'œuvre de Abdelkrim Berrechid qui plaide au retour aux originaux pour hisser le théâtre de fête maghrébin et lui rendre sa place dans le monde. Plusieurs comédiens et dramaturges ayant rencontré ou travaillé avec Berrechid ont assisté à cet hommage organisé à la hauteur de l'homme. Le réalisateur Ali Aissaoui, le comédien Anter Hellal et le metteur en scène Dhimi Tayeb ont parcouru une longue distance, venant de Constantine pour raconter leur expérience avec l'homme et la partager avec l'assistance qui a tant admiré les travaux de Berrechid. L'auteur et dramaturge Omar Fetmouche était présent aussi au café littéraire consacré au dramaturge marocain. Revenir aux origines Ali Aissaoui a vanté l'homme qui a fait revivre ce genre de théâtre oublié et condensé à des fins inavouées. «Abdelkrim Berrechid, avec lequel j'ai eu l'occasion de travailler est un dramaturge hors pair qui a pu réaliser une soixantaine de pièces théâtrales», a indiqué Ali Aissaoui qui, est rappelons-le, le réalisateur de l'émission télévisée Fadhaat El Mesrah qui restera dans l'histoire comme l'une des meilleures consacrées au théâtre. Omar Fetmouche a, quant à lui, mis l'accent sur le rôle qu'a joué Berrechid dans la promotion et le développement du travail théâtral. «Aujourd'hui, il y a une crise en matière de conception théâtrale et je trouve que le genre théâtral que Abdelkrim Berrechid défend et développe n'est qu'une aubaine pour sauver le quatrième art et revenir aux origines», a-t-il indiqué, avant d'ajouter que «près de 1700 institutions artistiques dans le monde plaident pour le retour du théâtre de la fête qui s'inspire de la vie des populations, de leur coutumes, traditions et cultures.Les auteurs sont piégés par la boite noire mais ils se libèrent par ce genre de théâtre authentique». Pour le metteur en scène Tayeb Dhimi, le théâtre de fête est l'unique genre où le comédien peut toucher directement le spectateur qui, à son tour, ressent l'art autour de lui. «J'emboite le pas à mon ami Omar Fetmouche et j'estime que nous vivons également une crise d'auteurs qui ne cherchent pas la qualité, le sens, la charge artistique et qui ne portent pas un projet de société dans leurs travaux», a-t-il estimé. Un théâtre universel De son côté, l'enseignant universitaire Gharbi Abdelkrim a axé son intervention sur la réussite des travaux théâtraux inspirés des traditions et cultures des peuples, notamment les grecs avec Homère, le père du théâtre et auteur de l'odyssée et l'Illiade et Eschyle. «Le théâtre de fête est universel mais il diffère d'un peuple à un autre en raison de l'appartenance culturelle et traditionnelle de chacun. Le théâtre est une école. D'ailleurs, l'absence d'espaces de cet art a disloqué la société. On a créé un conflit de langage afin de brouiller les traces, les traditions, les cultures populaires et les coutumes et ce, dans le but d'endoctrinement du peuple», a-t-il martelé. Par ailleurs, le théâtre de fête et de célébration faisait l'un des genres les plus utilisés dans le pays, notamment par le défunt Abdelkader Alloula avec El Goual.