Des conférences ont été animées autour de l'œuvre de ce grand dramaturge qui a marqué la création littéraire kabyle. La maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a abrité le week end dernier des activités en hommage au grand poète et dramaturge Mohia. Une conférence-débat autour de l'œuvre de Mohia à été animée dans l'après-midi d'hier par M.Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaia. Le conférencier a ainsi regretté la «folklorisation» de l'œuvre de Mohia. «Ce folklore qu'on fait de l'œuvre de Mohia est dangereux. Cela porte un grand préjudice à l'auteur et à son œuvre». L'orateur invite les étudiants et les chercheurs algériens à faire des études scientifiques approfondies sur ce qu'a légué Mohia. «Il y a des choses merveilleuses qu'on pourra découvrir dans sont travail. Jusqu'à présent, il n'y a pas encore de travaux scientifiques sur son œuvre», dira-t-il. Le conférencier, homme de théâtre et dramaturge aussi, dira que Mohia n'a pas fait uniquement de la traduction ou de l'adaptation dans ses pièces théâtrales, mais il les a recréées complètement. Pour lui, il est réducteur de dire que Mohia a fait seulement de l'adaptation ou de la traduction. «Quand on compare les pièces qu'il a adaptées en langue amazighe avec les pièces originales, on trouve qu'elles sont très différentes, on ne reconnait plus l'œuvre originale dans l'œuvre adaptée par Mohia. Il fait un travail de recréation. Il faut lui rendre justice car il avait un incroyable génie de création», affirmera-t-il. M. Fetmouche dira que le riche répertoire de Mohia Abdellah mérite un grand travail de recherche scientifique. Il nous apprendra qu'il est sur le point de mettre en place un festival du répertoire de Mohia dans la ville de Bajaia. Ce qui est une louable initiative. Juste avant cette conférence, dans la même après-midi, une séance de témoignages de gens qui ont côtoyé Mohia a eu lieu dans la même salle. Slimani Taher, l'un des compagnons du dramaturge, s'est penché sur les hautes qualités humaines chez ce grand artiste. Il affirmera que Mohia a été quelqu'un de très simple et toujours humble. L'ami de Mohia nous dira encore qu'il n'est pas du tout facile de cerner sa personnalité tellement elle était profonde.D'autres témoignages aussi poignants qu'émouvants ont été apportés sur le regretté artiste. Un sketch de quelques minutes, dédié à Mohia a été joué par le jeune comédien Mouloud Ammoura au grand bonheur du public venu nombreux. Une exposition de livres, d'articles de presse et photos de Mohia a été tenue dans le hall des expositions durant les deux journées de la manifestation. Dans l'après-midi du vendredi, la troupe théâtrale de l'association culturelle «Aqtaan Akaouadj» a présenté, devant un public nombreux, la pièce théâtrale «Tacbaylit» de Mohia au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou. Mohia est né à Azazga le 1er novembre 1950. Il est considéré comme le pilier de la dramaturgie amazighe. Grand militant de la cause berbère, poète et homme de théâtre, il a marqué de son emprunte le monde du quatrième art kabyle. Il décède à Paris le 7 décembre 2004, à l'âge de 54 ans. Il a été enterré au village Ait Rbah, dans la commune d'Iboudrarène, d'où il était originaire.