Alors que débute aujourd'hui les procès des principaux chefs de la confrérie des Frères musulmans, dont Mohammed Badie, ainsi que celle de l'ex-rais qui doit répondre aux accusations d'assassinat de près de 850 personnes lors des manifestations de janvier 2011, les autorités égyptiennes tentent de redresser un secteur économique qui menace la stabilité du pays tout autant que les violences actuelles. C'est dans ce sens que Hisham Zaazou, le ministre du Tourisme égyptien, a adressé via la plateforme Youtube, un message aux professionnels du tourisme afin qu'ils maintiennent leurs partenariats et relancent la destination. «La situation sur la mer Rouge est calme et toute personne peut venir y passer ses vacances en toute sécurité, sur toute la côte de la mer Rouge, y compris sur le sud du Sinaï et sur Sharm El Sheik», a-t-il indiqué, lançant également un appel en direction «des gouvernements européens, afin qu'ils modifient les conseils aux voyageurs sur la partie de la mer Rouge et permettent ainsi aux tours-opérateurs et aux agences de continuer à travailler et à envoyer les personnes qui souhaitent venir en Egypte le plus tôt possible», a t-il déclaré. Hisham Zaazou s'est dit convaincu que «la situation sur place en Egypte va devenir très calme rapidement, et que la violence va disparaître avec le temps». Toutefois, de son côté, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a jugé vendredi que les conditions pour reprendre les discussions sur un plan d'aide n'étaient «pas encore réunies» en raison des violences qui secouent le pays depuis la destitution du président Morsi. «Nous sommes tout à fait prêts à soutenir le peuple égyptien dans cette période de transition mais tous les ingrédients ne sont pas réunis», a déploré la patronne du Fonds monétaire international (FMI), dans un entretien à Bloomberg TV. Fin 2012, le FMI et l'Egypte étaient parvenus à un accord sur un plan d'aide de 4,8 milliards de dollars qui n'a pu se concrétiser en raison de l'instabilité politique dans le pays. Selon Mme Lagarde, un certain niveau de «stabilité» et de «soutien» du gouvernement égyptien doivent être requis pour que le FMI reprenne ses discussions avec les autorités. «Ce n'est clairement pas encore le cas», a-t-elle dit, assurant que le FMI restait toutefois «disponible» pour aider le pays. Réouverture du passage de Rafah En outre, l'Egypte a rouvert hier son poste-frontière avec la bande de Gaza après quatre jours de fermeture, permettant ainsi aux Gazaouis d'entrer et de sortir du territoire palestinien. La fermeture du passage de Rafah avait empêché de nombreux Palestiniens de se rendre en Egypte, dont des étudiants et des malades en attente de soins, tandis que de l'autre côté de la frontière, plusieurs centaines de Palestiniens souhaitant rentrer chez eux étaient également bloqués. Maher Abou Sabha, le directeur du point de passage de Rafah nommé par le Hamas, a toutefois précisé que «les autorités égyptiennes n'ouvriront le point de Rafah que quelques heures par jour et que les voyageurs nécessitant des soins à l'étranger figureraient parmi les personnes prioritaires». Pour rappel, depuis le renversement de Mohamed Morsi, l'Egypte a limité le nombre de personnes autorisées à franchir la frontière à 300 par jour contre 1 200 auparavant, selon les responsables du Hamas. Les autorités égyptiennes ont agi de la sorte car elles accusent le Hamas d'aider les Frères musulmans dans le Sinaï où l'Egypte est en proie à une guérilla menée par des islamistes radicaux. Obama plaide pour le versement de l'aide américaine De son côté, Washington est actuellement en plein réexamen de l'assistance militaire et économique de 1,55 milliard de dollars qu'il verse chaque année au Caire. Toutefois, Obama a décidé de ne pas geler cette aide. «A mon sens sur l'Egypte, l'aide en soi n'inverserait pas ce que fait le gouvernement intérimaire installé par les militaires», a t-il dit, soulignant «qu'il faudrait néanmoins faire très attention à ne pas sembler soutenir des agissements contraires aux valeurs et aux idéaux américains». La crise en Egypte met au jour le dilemme des Américains face au Caire. Washington se trouve écartelé entre son attachement aux valeurs démocratiques et sa volonté de préserver son alliance stratégique avec le pays. Des groupes terroristes appellent à une insurrection Dans un communiqué diffusé hier, les groupes djihadistes salafistes qui se trouvent au Sinaï ont exhorté le peuple égyptien à «prendre les armes pour lutter contre le gouvernement, qui coopère avec les Juifs». Ils ont estimé que «les crimes commis sur les places de Rabia et Ramsès sont comparables à celles des Croisés». Ils ont également déclaré que «le gouvernement avec les athées, les laïcs et l'Occident, avait déclaré la guerre à l'islam».