Décrété fête nationale chômée et payée par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, le premier jour de Yennayer, de l'an amazigh qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année, sera célébré à Chlef dans la convivialité. Il en va de même pour tous les habitants, qu'ils soient berbères, arabes ou autres. C'est une date repère, un retour aux sources, tant cette occasion est célébrée actuellement dans les quatre coins de la planète par des amazighs immigrés, une façon sûrement pour eux de déclarer cet amour qu'ils portent à une terre ancestrale et de confirmer leur identité, un retour aux origines. La célébration de Yennayer, El Aâm ou Drez, selon l'appellation empruntée à chaque culture locale, traduit un sentiment d'appartenance à une culture ancestrale qui prend sa source dans les coutumes propres aux civilisations qui se sont succédé dans le pays. El Aâm ou encore Drez se distingue, en milieu sédentaire, par ses aspects culinaires symbolisés par des plats traditionnels à base de viande ou de poulet et de pâtes faites maison. Leur préparation diffère d'une région à une autre, mais le plus prisé reste, sans conteste, le couscous traditionnel. La célébration de la fête sera marquée par un repas copieux pour souhaiter une année riche et généreuse. C'est une des plus anciennes fêtes qui a su résister au temps pour arriver jusqu'à nous. C'est peut-être la notion de présage qui entoure cet événement et la naissance du nouvel an qui a fait que les familles ont continué à fêter Yennayer de crainte d'avoir un malheur dans la famille si le rituel n'est pas observé. D'ailleurs, jusqu'à nos jours, le poulet, qui servira à préparer le dîner de Yennayer, doit être ramené vivant à la maison pour être sacrifié. «Le sang doit couler le jour de Yennayer et si on ne tue pas un coq un malheur peut arriver à la famille», témoigne un citoyen. Les prémices de cette fête, bien ancrée dans la société, sont déjà perceptibles depuis fin décembre écoulé à travers les rues et places commerciales où les magasins sont achalandés de toutes sortes de produits, friandises et douceurs. Les citoyens ont l'embarras du choix pour effectuer leurs emplettes et garnir le plat de Yennayer ou Tbika. Aux côtés des amandes, noisettes, cacahuètes, pistaches, sont exposés également des fruits secs, à l'instar des figues sèches et fruits de saison, très prisés à cette occasion. En dépit de la cherté des produits mis à la vente à cette occasion, les Chélifiens restent, dans leur ensemble, attachés à cette fête. Ces produits, d'habitude facultatifs, deviennent, en cette occasion, indispensables pour les ménagères pour la préparation de cette fête qui, tradition oblige, exige que chaque enfant reçoive sa part de friandises. Après les achats et préparatifs pour la célébration, tous les membres de la famille se réunissent, la nuit du 11 au 12 janvier, autour de la Tbika de Yennayer, après le dîner pour assister, dans une ambiance conviviale, au partage des mets et autres douceurs, notamment pour les enfants qui attendent impatiemment de découvrir le contenu de leur petit panier. En ce qui concerne les festivités, un riche programme d'activités culturelles et sportives a été concocté à cet effet par les différentes directions locales afin de célébrer l'avènement du nouvel an amazigh dans la joie comme la veut la tradition. De son côté, l'association locale Tifaouine de Beni Haoua organise en la circonstance, des expositions qui mettront en valeur la richesse et la diversité culturelle et patrimoniale nationale à travers des objets de l'artisanat, les métiers traditionnels, l'art culinaire, l'habit traditionnel, les produits du terroir. Les activités marquant la célébration de Yennayer toucheront également des espaces culturels, maisons de jeunes et autres établissements de la culture et de la jeunesse et des sports des différentes localités. Des pièces théâtrales, projections de films, galas artistiques, concours artistiques et culturels et exhibitions sont aussi prévus dans le cadre des festivités.