Les conditions climatiques hivernales leur rendent la vie dure. Une dizaine de femmes SDF (sans domicile fixe) accompagnées de leurs enfants en bas âge squattent les trottoirs de la ville de Chlef, notamment devant le siège de la sûreté de wilaya, en cette période de froid glacial dans l'indifférence totale. Sans ressources, ces mères se retrouvent seules à affronter les regards d'une société impitoyable et la misère. Leur vie pendant l'hiver est un enfer ; elles n'ont aucun gîte où passer la nuit à l'abri du froid et des intempéries ; la journée, elles n'ont d'obsession que la recherche de quoi se mettre sous la dent. Les gens ont tellement l'habitude de les croiser et de côtoyer leur misère au quotidien qu'ils ont fini par être in- sensibles à leur souffrance. Originaire d'une wilaya limitrophe, Zahira, la trentaine, qui a bien voulu nous parler, vit à l'instar de beaucoup de femmes dans la rue depuis plus de quatre ans. Comme la plupart des sans-abri, la rupture familiale est la principale cause de cette descente aux enfers. «Après le divorce, ma vie s'est transformée en cauchemar. Pour une femme SDF, survivre est chaque jour un miracle car la rue ramène son lot de misères et de mésaventures. Les vexations et les agressions par des voyous accentuent mes souffrances», raconte les larmes aux yeux, notre interlocutrice qui aspire à un peu de dignité. Les responsables de la direction de l'action sociale (DAS) tentent tant bien que mal d'atténuer la souffrance de ces SDF en les prenant en charge à travers les opérations de collecte dans des lieux équipés. Malheureusement, sur le terrain, le nombre élevé de ces sans-abri rend la tâche plus difficile. Certains SDF qui sont pris en charge préfèrent même revenir dans la rue que de rester entre 4 murs. La DAS constitue à chaque fois, des brigades mixtes composées de représentants de la santé, de la Protection civile, du Croissant-Rouge, de la sûreté et de l'APC, tend quotidiennement la main à cette catégorie, faudrait-il encore qu'elle veuille la saisir. «Des sorties nocturnes sont effectuées par les équipes mixtes qui butent le plus souvent sur un niet catégorique de la part de ces personnes qui viennent de partout. Convaincre et transférer une SDF qui préfère passer la nuit dans la rue malgré le froid glacial, n'est pas une chose évidente», selon la protection civile. Le son de cloche est tout autre chez les femmes sans abri estimant que la rue est plus clémente que les centres d'hébergement proposés. «Je sais que la vie dans la rue est insupportable, mais je la préfère à ces maisons où les maltraitances et dépassements sont le lot quotidien des personnes vulnérables qui méritent un peu de respect», nous confie une SDF rencontrée le soir près de la sûreté de wilaya, le lieu de prédilection de cette frange de la société, plus que jamais menacée ces jours-ci par une hypothermie, sachant que le mercure affiche chaque nuit à Chlef entre 0 et 3 C°. Il faut dire que les sans-abri mènent une vie dure, une vie qui sera plus dure encore avec la vague de froid qui sévit ces derniers jours à Chlef.