Les SDF sont les premières personnes à endurer les difficultés climatiques pendant ce froid glacial dans la wilaya de Chlef. La température a brusquement chuté, un climat glacial pendant la nuit, l'hiver est bel et bien installé, le froid a contraint les citoyens à chauffer leurs foyers. La nuit venue la température baisse obligeant les citadins à se couvrir plus en dehors, une catégorie de personnes erre dans les ruelles et ne trouve aucun abri pour se protéger, se chauffer et se nourrir aussi, sont les sans- abri, qui affrontent le mauvais temps et la faim, attendant que des âmes charitables viennent à leur secours. Les jours passent et se ressemblent pour cette catégorie, sans que leur situation ne s'améliore. Parfois, des femmes avec leurs enfants s'allongent sur le trottoir, se protègent avec des cartons et des nylons, tendent la main. «Les nuits sont très longues», souffle Mâamar, 55 ans, quand nous l'abordons sur un trottoir à proximité de la sûreté de wilaya. Les traits tirés sous sa casquette en cette fin d'après-midi, l'homme a les lèvres tremblantes malgré la grosse parka noire qui l'enveloppe. «L'hiver, je survis, tout simplement», lâche-t-il en entamant le récit de son combat quotidien contre le froid. Les journées, il s'occupe à faire la manche. Et les nuits sans aucun abri pour dormir, sont encore plus longues. Ou plutôt tenter de dormir, «deux ou trois heures tout au plus» quand le froid est glacial. «Tous les SDF vous le diront : l'hiver pour nous, c'est l'enfer. Là, il se met à faire vraiment froid et je redoute les prochains jours», s'inquiète un peu plus loin Djelloul, qui fait la manche devant la gare routière. Lui aussi est sans-abri, mais à son âge qui dépasse la quarantaine, il a déjà une longue expérience de la rue : les hasards de la vie l'ont fait plonger sur le bitume il y a déjà onze ans. Il se cherche un abri de fortune, sur des cartons dans l'entrée d'un immeuble ou sous un simple auvent pour se protéger de la pluie. Ces SDF ont un quotidien qui n'a rien de commun avec le nôtre et leur vie dans la rue a des lois et des codes bien différents de ceux que nous connaissons. Près du siège de la sûreté de wilaya, toute une famille campe. Adossée au mur, la femme, toujours assise entourée de ses enfants, une couverture recouvrant ses jambes, est toujours au même endroit. Pour les autorités, ces gens défigurent l'image de la ville. Une réalité qui rend la vie dure à ces laissés-pour-compte. Le plus surprenant, c'est que la plupart d'entre eux refusent de réintégrer des conditions de vie normales et préfèrent rester dans la rue.