La coalition sous commandement saoudien, qui intervient militairement au Yémen depuis 2015, a appelé, hier, à un cessez-le-feu immédiat dans la ville d'Aden (sud), où des combats meurtriers opposent depuis trois jours l'armée gouvernementale à des forces séparatistes. La situation reste extrêmement tendue dans la matinée, après deux jours d'affrontements qui ont fait au mois 36 morts et complexifié encore davantage le conflit dans ce pays pauvre de la péninsule arabe. Dans le même temps, le camp gouvernemental s'est néanmoins montré disposé à faire taire les armes à Aden, après un appel de la coalition, de Riyad, «à toutes les parties pour cesser le feu immédiatement et arrêter toutes les formes de conflit armé». Dans la foulée, le ministère de l'Intérieur, cité par l'agence gouvernementale yéménite Saba, a déclaré avoir donné pour instruction à toutes les unités de «cesser le feu immédiatement». Le ministère espère que l'autre camp «répondra positivement à l'appel de la coalition», a ajouté le texte. Dans son communiqué, la coalition a en outre affirmé qu'elle prendrait «toutes les mesures nécessaires pour rétablir la sécurité à Aden», la deuxième ville du pays, où le gouvernement s'est réfugié après avoir été chassé de la capitale Sanaa par les rebelles Houthis en 2014. Jusqu'ici, les principales composantes de la coalition -émiraties et saoudiennes- ne sont pas intervenues militairement à Aden pour faire cesser les combats. Lundi soir, le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui est réfugié à Riyad, a présidé une réunion avec ses conseillers et des responsables politiques, qui ont «rejeté le coup de force (séparatiste) et les actions terroristes à Aden», a indiqué l'agence Saba en dénonçant «l'attitude irresponsable» de l'autre camp. Les combats, qui ont éclaté dimanche, se sont intensifiés lundi avec l'utilisation de chars et de pièces d'artillerie lourde. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a donné un bilan d'au moins 36 morts et 185 blessés en deux jours. Les séparatistes étaient précédemment alliés à M. Hadi, mais la relation s'est tendue après le limogeage en 2017 du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un Conseil de transition du sud (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Le Yémen du sud était un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990 et les séparatistes y sont restés puissants. Depuis dimanche, ils ont acheminé des renforts vers Aden et, dans certains quartiers, ils semblaient en bien meilleure position que les unités gouvernementales, selon des habitants. Le STC avait fixé un ultimatum la semaine dernière à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et «des changements au gouvernement», accusé de «mauvaise gestion» et de «corruption». Cet ultimatum a expiré dimanche matin et des combats ont aussitôt éclaté en ville, aboutissant à la prise du siège transitoire du gouvernement et d'autres installations par les séparatistes. Après avoir été chassé de Sanaa en 2014 par les rebelles Houthis soutenus par l'Iran, le gouvernement a déclaré l'année suivante Aden «capitale provisoire» du Yémen. Mais le président Hadi peine à gérer les affaires des régions sous contrôle gouvernemental depuis Riyad.