De violents combats ont de nouveau fait rage lundi entre forces séparatistes et gouvernementales dans la grande ville portuaire d'Aden, dans le sud du Yémen, faisant 36 morts en deux jours. "Les affrontements ont fait 36 morts et 185 blessés en deux jours", a indiqué en soirée le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur son compte Twitter. Un précédent bilan de sources sécuritaires avait fait état de 24 morts, civils et combattants. Les combats aux chars et à l'artillerie qui ont éclaté dimanche entre les séparatistes, partisans de l'indépendance du Yémen du Sud, et le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, viennent compliquer davantage le conflit au Yémen qui oppose depuis trois ans le pouvoir aux rebelles chiites Houthis. Ces séparatistes étaient préalablement alliés à M. Hadi, mais la relation s'est tendue après le limogeage en 2017 par le président du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un Conseil de transition du sud, une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Le Yémen du sud était un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990. Lundi soir, les combats se sont intensifiés, selon des sources de sécurité. Les forces séparatistes n'étaient plus qu'à un kilomètre du palais présidentiel dans le quartier Krater et elles auraient pris deux camps militaires au nord de l'aéroport. La coalition militaire arabe sous commandement saoudien, qui intervient au Yémen depuis 2015 en soutien au gouvernement Hadi, a appelé à un cessez-le-feu immédiat. "La coalition renouvelle son appel à toutes les parties pour un cessez-le-feu immédiat et la levée de toute forme de combats", a-t-elle indiqué dans un communiqué cité par l'agence de presse saoudienne SPA. Regrettant que les belligérants n'aient pas répondu à ses précédents appels au calme, la coalition affirme qu'elle prendra "toutes les mesures nécessaires pour restaurer la sécurité et la stabilité à Aden". L'ONU a déclaré dans un communiqué que l'aéroport et le port d'Aden étaient fermés "jusqu'à nouvel ordre". Selon l'agence gouvernementale Saba, le Premier ministre s'est réuni dans la nuit de dimanche à lundi avec d'autres membres du cabinet pour discuter "des développements militaires et des actes de sabotage ayant visé des installations gouvernementales". Ces actes sont dirigés "contre la légitimité représentée par le président Hadi", a ajouté l'agence, soulignant que le gouvernement condamne "les hors-la-loi représentés par le Conseil du coup de force". Le gouvernement, chassé de la capitale Sanaa en septembre 2014 par des rebelles Houthis soutenus par l'Iran, a établi son siège transitoire à Aden l'année suivante. Une coalition arabe est intervenue au Yémen en mars 2015 en soutien au gouvernement.