La «grève nationale illimitée» des enseignants, lancée le 30 janvier dernier par le syndicat autonome Cnapeste, ne connaît aucun dénouement favorable. Le conflit entre les grévistes et le ministère de l'Education nationale se radicalise, et ce, en dépit de multiples appels à la raison des associations des parents d'élèves. En effet, le Cnapeste a décidé de durcir le ton. Même son de cloche chez le ministère de la tutelle. La menace de la ministre, Nouria Benghebrit d'appliquer rigoureusement la loi à l'encontre des enseignants grévistes, est mise à exécution. Après l'envoi des mises en demeure, les directives d'interdire aux grévistes l'accès aux établissements scolaires, c'est la radiation. Plusieurs décisions de radiation ont été déjà signifiées à certains grévistes à Blida. «Pas moins de 545 grévistes sont concernés par ces décisions», a fait savoir la directrice de l'éducation de Blida. L'inspecteur général du ministère, Nedjadi Messeguem a révélé, de son côté, qu'à partir de mercredi dernier, «des radiations ont été transmises aux enseignants absents depuis le 26 novembre», assurant que «des mises en demeure ont été envoyées à l'intention de tout le personnel qui n'a pas repris le travail», après que la grève ait été jugée illégale. Le ministère de l'Education nationale estime l'action du Cnapeste illégitime, ce qui veut dire que tous ceux qui n'ont pas rejoint leur travail sont en situation d'absence. Les enseignants concernés par la radiation ont atteint la limite de la durée légale des mises en demeure, à savoir 15 jours. Les autres concernés sont au premier, au deuxième ou au troisième avertissement. «La radiation semble être un moyen dissuasif, puisque cette mesure a permis à 2000 enseignants grévistes à reprendre leur poste à Blida. Il a été également procédé au remplacement de 426 grévistes par des vacataires qui étaient sur la liste d'attente, au niveau de la même wilaya. Pour ce qui est des ponctions sur salaire, le ministère de l'Education reste inflexible. Il s'agit d'une règle appliquée depuis 2014, sur laquelle il n'est pas possible de revenir. Chose que refuse le bureau du Cnapeste de Béjaia qui exige de reprendre le travail sans que des ponctions sur salaire soient faites. Des sit-in devant les directions de l'éducation De son côté, le Cnapeste reste déterminé à poursuivre sa grève illimitée malgré la radiation de nombreux enseignants à Blida. Selon Amina Bouaicha, enseignante au Lycée «Mohamed Khentache Harchoune» à Chlef, leur grève est «légitime contrairement à ce que veut véhiculer le ministère». «Nous sommes 22 enseignants grévistes au niveau de notre établissement. Hier, j'ai reçu un premier avertissement mais ceci ne m'intimide guère» a-t-elle indiqué. «Les menaces du ministère de l'Education nationale sont illégales au regard de la loi. Nous avons déjà vécu ça en 2003 et 2015. Nous avions également reçu des mises en demeure et des notifications de radiations. Mais ceci ne nous a pas effrayé» a-t-elle expliqué. Selon elle, «si la justice a jugé illégale notre action, le Cnapeste aurait été le premier à le savoir», avant d'ajouter que le recours à la radiation requière de passer par plusieurs étapes dont le principal est «le dialogue entre les deux parties». Mme Bouaicha a souligné également que «le ministère n'a pas le droit de radier un enseignant gréviste et cela ne réglera pas le problème». «Avec ce genre d'actions qui ne vont que compliquer davantage la situation, nous les enseignants seront encore plus déterminés à poursuivre la grève. Par ailleurs, le bureau national du Cnapeste a appelé à organiser ce lundi, des sit-in devant les directions de l'Education de toutes les wilayas. Le Cnapeste ne fera pas marche arrière «tant que les engagements pris par les ministres et consignés dans des PV, ne sont pas satisfaits». Les parents d'élèves vont de leur part recourir à la justice pour forcer les enseignants à rejoindre leur poste.