Inauguré le 27 janvier dernier, «Rasm» est le premier Salon du dessin qui se tient au Musée National d'Art Moderne et Contemporain d'Alger (Mama). Sous le slogan «Dessinez vos desseins», ce salon se poursuit jusqu'au 5 mars prochain. Représenté par 21 artistes, «Rasm» est organisé dans le but de mettre en lumière le dessin, un art et une passion souvent oublié à l'ombre de la peinture et de la photo. Le dessin reste aujourd'hui encore très peu représenté sur la scène de l'art en Algérie en comparaison avec d'autres médiums, alors que c'est la base de tout apprentissage artistique. «Pour cette exposition, qui annonce le lancement du 1er Salon du Dessin d'Alger, les artistes sont invités à «Dessiner leurs desseins», c'est-à-dire à laisser entrevoir des intentions à venir, à exprimer des choses qui en annoncent d'autres et qui ouvrent le champ à l'imagination. Le 1er Salon du Dessin d'Alger est pensé comme le moyen de donner une assise concrète et pérenne à la mise en valeur et en visibilité de cette pratique artistique, lui redonner ses lettres de noblesse et l'importance qu'elle a dans la création et l'histoire de l'art, est-il noté dans le communiqué de cette manifestation. Par ailleurs, il est triste de constater que quinze jours après l'inauguration de ce salon, le visiteur qui se rend à cette exposition ne trouve que les dessins accrochés sur les murs lugubres du Mama. Ni artistes ni responsables ne sont présents sur les lieux. «Je ne suis pas un connaisseur en art, c'est un domaine qui me reste inconnu et pourtant je m'y intéresse car c'est beau et fascinant. Seulement, je suis déçu car la plupart du temps où je me rends à des expositions, je me retrouve livré à moi-même face à des œuvres que je ne comprends pas. Et les petites affiches accrochées devant les tableaux ne me suffisent pas, j'aimerais échanger avec les artistes auteurs des œuvre afin qu'ils m'expliquent le message et la personnalité de leurs œuvres. On a une connaissance très pauvre dans le domaine de l'art, et le manque de valorisation de ce dernier en Algérie y contribue largement...», nous confie Hichem, un enseignant trentenaire rencontré au MaMa. Avec deux de ses amis, ces derniers étaient les seuls visiteurs qui sillonnaient les couloirs du MaMa. Des dessins et de la créativité Réalisée sur plusieurs supports, dont du papier, du papier mouchoir (pour l'artiste Adel Bentounsi «The Last Prayeur»), ou sur des cartons, voire du placoplâtre (pour l'artiste Mounia Mya Lazali We will not go back»), la pléiade d'œuvres que recèle ce salon est surprenante. Aussi divers qu'éloquents, on découvre bien évidemment de l'abstrait et du figuratif dans un panorama de dessin très vaste qui donne plus de visibilité à des artistes algériens talentueux. Pour Amar Briki, qui a choisi de dessiner un univers personnel représenté par un «Paysage d'Algérie», c'est un support en papier qui a donné une âme à son œuvre. Ailleurs, ces des nuages de points intitulé «Sans titre» de Yazid Oulab, qui évoque l'au-delà non loin de la grâce du dessin de «Sans titre 6» de Sofia Hihat, ou de l'approche intrigante d'«Itinérantes» de Sadek Rahim. C'est l'abstraction dans tous ses états qui est exploitée. Ailleurs, dans les dessins de Driss Ouadahi, c'est une grande objectivité éloquente qui est représenté dans un esprit d'architectures moderne. Mostafa Goudjil s'est penché lui sur «Les Bâtisseurs», dessiné sur une série de ville en acrylique sur toile. La dynamique Akila Mouhoubi a choisi pour sa part de dessiner «Le Jeu» représenté par une mine de plomb et feuille d'or sur papier et Hichem Belhamiti de donner un magnifique « Sommeil Profond, dessiner en noir et blanc. Le salon «Dessiner vos desseins» est ouvert au public tous les jours de 10h00 à 17h00. Le prix du tickets d'entrée est de 200 Da par personne.