La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a rendu publique hier lors d'une réunion du bureau politique, son «initiative politique» annoncée et attendue par l'opinion publique depuis une semaine. Il s'agit en fait d'une pétition adressée au chef de l'Etat, interpellé sur la situation sociale, économique et politique du pays, qui sera soumise à la signature des citoyens avec l'objectif de collecter 1,5 million de signatures. «Monsieur le Président, Nous sommes des algériennes et des algériens épris de paix, attachés à l'intégrité et la souveraineté de notre pays. C'est précisément pour cela que nous nous adressons à vous, car nous sommes saisis d'angoisse» ; c'est en ces termes que le PT a entamé sa pétition. Après avoir dressé un tableau peu reluisant de la situation générale du pays, qualifiant la crise que traverse l'Algérie de «crise politique», le PT demande l'intervention du Président Bouteflika «en toute urgence pour empêcher le chaos». «Nous avons décidé de nous adresser à vous, car une année nous sépare de la prochaine présidentielle dans un contexte régional et mondial lourd de dangers pour les nations, notamment dans notre région. Et l'année 2018, une année charnière, s'annonce tumultueuse dans notre pays. Nous ne voulons pas que notre pays sombre dans l'anarchie. (...) Nous vous demandons d'intervenir en toute urgence pour empêcher le chaos», soulignent les rédacteurs de la lettre. Et pour cause, ils estiment que l'Algérie «se trouve exposée chaque jour à davantage de turbulences politiques et sociales qui, faute de solutions positives, risquent de mettre en péril la sécurité nationale et la paix chèrement recouvrée, ouvrant la voie au chaos et donc aux ingérences étrangères». La solution ? Pour ouvrir une issue positive à la crise, le PT demande au chef de l'Etat de convoquer des élections pour une Assemblée nationale constituante (ANC) «afin de jeter les bases d'un véritable renouveau politique institutionnel à même de sauver l'Etat algérien et d'immuniser notre pays».«Une telle Assemblée dotée des pouvoirs nécessaires sera capable d'organiser le sauvetage du pays», explique le PT. «Monsieur le Président, donnez la parole au peuple pour qu'il définisse lui-même la forme et le contenu des institutions dont il a besoin pour exercer sa pleine souveraineté, des institutions réellement crédibles à même d'élaborer des politiques conformes à la démocratie avec son contenu social, économique et politique», plaide le parti de Louisa Hanoune. Pour ce parti, il serait urgent de sortir le pays de la récession par l'arrêt de la politique d'austérité, de décréter l'échelle mobile des salaires et pensions, de sauver les hôpitaux et les universités de la ruine, de sauver la jeunesse poussée par le désespoir vers la tragédie de la Harga et la décomposition sociale, de retirer les projets de lois scélérats et régressifs portant codes de la santé et du travail, de libérer la justice, d'assainir le secteur économique, de décréter un impôt sur la fortune, de lever toutes les restrictions sur les libertés. D'autre part, et dans son intervention à l'ouverture des travaux de la réunion du bureau politique de sa formation, Mme Hanoune a appelé à l'ouverture d'un débat général sur la situation sociale du pays à l'APN. Elle a, en outre, averti contre la suppression progressive des subventions, considérant que cette mesure ouvre la voie à la destruction des relations entre la majorité du peuple et l'Etat et signifie l'abandon du caractère social de l'Etat. Pour toutes ces considérations, «le parti est en état de mobilisation générale», a affirmé Mme Hanoune.