La tenue, hier, du 2e forum d'affaires algéro-turc à Alger, à l'occasion de la visite du président Recep Tayyip Erdogan, a permis de connaître les attentes des deux parties. L'établissement d'une zone de libre-échange et la fondation d'un partenariat «d'exception» ont été fortement soulignés. En effet, l'intervention inaugurale du président de la République de Turquie aux travaux du 2e forum d'affaires algéro-turc organisé à l'hôtel Sheraton n'a pas pu cacher sa déception quant au niveau actuel des échanges commerciaux (3,5 milliards de dollars), jugeant qu'ils ne reflètent pas réellement la profondeur des relations politiques existant entre les deux pays. Recep Tayyip Erdogan a voulu porter ce chiffre à 5 milliards de dollars dans les plus brefs délais, voire à 10 milliards dans une prochaine étape. Considérant l'Algérie comme une «île de stabilité politique et économique en Méditerranée et en Afrique» et un «partenaire stratégique», le chef d'Etat turc a tenu à rendre hommage aux martyrs de la révolution algérienne et a rappelé la profondeur des relations humaines et culturelles entre les deux peuples qui remonte à plus de 500 ans. «L'Algérie a une place particulière dans nos cœurs. Je remercie vivement le président de la République Abdelaziz Bouteflika de m'avoir invité pour la deuxième fois à visiter l'Algérie», a ajouté M. Erdogan. Faisant le bilan du développement économique de son pays, l'hôte de l'Algérie a évoqué une «histoire de réussite» réalisée durant la période 2003-2015, c'est-à-dire depuis son accession au pouvoir. Malgré les effets de la crise financière mondiale de 2008 qui avait touché le pays et la tentative de coup d'état organisé par ses adversaires en 2015, le chef d'Etat turc a relevé que le taux de croissance de l'économie a été de 5,7 (2017) et le PIB par habitant, qui est de 11 000 dollars, devra atteindre, selon lui, les 12 000 dollars en 2018. La Turquie est classée comme la 17e économie mondiale. Le volume des exportations est passé de 36 milliards de dollars en 2002 à 158 milliards en 2017. Le président turc a évoqué les performances du secteur touristique de son pays, qui a accueilli 36 millions de personnes avant les crises connues ces deux dernières années. Le nombre a baissé, signale-t-il, à 32 millions en 2017. Sur le plan financier, l'ex-empire ottoman dispose de 120 milliards de dollars de réserves de change, mais fait face à un endettement extérieur qui pèse sur le PIB national. En matière d'infrastructures, la Turquie s'est engagée à développer notamment ses aéroports pour disposer de capacités d'accueil et de transit de voyageurs des plus importantes dans le monde (150 millions de voyageurs attendus au niveau de l'aéroport d'Istanbul). Premier partenaire en Afrique Abordant les échanges commerciaux avec l'Algérie, le président turc a relevé la faiblesse des volumes se chiffrant à 3,5 milliards de dollars en 2017 et un déficit de la balance commerciale en défaveur de l'Algérie de l'ordre de 25%. Accompagné hier par plus de 200 hommes d'affaires turcs, il a invité les patrons d'entreprise des deux pays à augmenter ce chiffre à 10 milliards de dollars. Parmi les secteurs potentiels qui peuvent constituer des axes de partenariat, il a cité notamment le tourisme, l'agriculture, l'industrie et l'énergie, se félicitant au passage de la signature d'un mémorandum d'entente et de coopération entre la compagnie Sonatrach et la firme turque Botas. Le projet visant la production de GPL et de propane est d'une valeur de 1 milliard de dollars, a-t-il mentionné, visiblement sa tisfait, et plaidant la tenue dans les meilleurs délais de la commission mixte algéro-turque. De son côté, Ahmed Ouyahia a précisé, lors de son intervention, que plus de 800 entreprises turques sont investies dans plusieurs domaines et emploient près de 30 000 salariés. L'Algérie demeure, selon lui, le premier partenaire commercial de la Turquie en Afrique. Le premier ministre a plaidé pour le renforcement d'un partenariat d'excellence, soutenant que les potentialités existent pour le concrétiser. Les responsables et patrons algériens souhaitent plus d'investissements turcs en Algérie, mais ayant la vocation d'exporter vers l'Afrique. La proposition turque de création d'une zone de libre-échange ne semble pas intéresser au premier degré, étant donné la faiblesse de la production nationale.