Malgré les multiples refus, le Parti des travailleurs (PT) ne désespère pas de voir son initiative politique adoptée ou au moins débattue par les acteurs politiques. Il explique à qui veut bien l'entendre qu'il n'est pas question d'imposer une quelconque vision, mais d'ouvrir un débat des plus larges sur cette proposition portant élection d'une Assemblée constituante nationale. Sa lettre adressée au président de la République le 14 février dernier «est un moyen d'organisation du débat le plus large avec toutes les composantes du peuple algérien sur l'élection d'une Assemblée nationale constituante», indique le secrétariat du Bureau politique (SBP), réuni en fin de semaine en session hebdomadaire. Et c'est à travers cette Assemblée, ajoute encore le parti de Louisa Hanoune, que «les représentants du peuple, élus librement et démocratiquement, dégageront les moyens juridiques et institutionnels à même d'ouvrir une issue positive à la crise politique actuelle et jetteront les bases d'un véritable renouveau politique institutionnel dans le pays». Rappelons que l'initiative du PT visait de rassembler 1,5 million de signatures pour accompagner la lettre destinée au président Abdelaziz Bouteflika, sollicité pour convoquer l'élection d'une constituante «pour ouvrir une issue positive à la crise grave qui risque d'emporter notre pays». Mais l'appel a vite été rejeté par les poids lourds de la scène politique, notamment les partis du pouvoir. Le secrétaire général du parti FLN, Djamel Ould Abbès, avait répondu que «les institutions du pays fonctionnent normalement et que le président Bouteflika gère le pays, d'où l'inutilité» de la proposition. Quant à Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et Premier ministre, il s'est interrogé si le PT «voulait revenir avec l'Algérie à l'année 1962 et au point zéro ?». Même au sein de l'opposition, l'initiative du parti de Mme Hanoune n'a pas reçu l'écho favorable attendu. Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, lui a signifié un rejet diplomatique. «Je respecte le PT qui a le droit de proposer des sorties de crise pour le pays. Son initiative reste, cependant, une parmi tant d'autres», avait-il déclaré lors d'une conférence de presse, avant d'exprimer sa propre vision pour une sortie de crise. Mais ce n'est pas pour autant que le PT lâche son projet. «Le SBP n'est guère étonné des réactions hostiles des premiers responsables des principaux partis du pouvoir qui n'ont pas dérogé à leurs habitudes et ne se sont pas privés d'user du dénigrement et du mensonge pour signifier leur rejet de l'initiative du PT», écrit le parti, tout en se félicitant «du large débat qu'elle a suscité dans les médias et des réactions auprès des responsables politiques et plus largement chez les citoyens». Poursuivant la défense de son appel, le Parti des travailleurs soutient qu'une telle Assemblée «opèrera la rupture avec le système de parti unique qui mène le pays vers le chaos, préservera et consolidera les acquis de l'indépendance tels le droit à l'école, à la santé, au travail». Des acquis et des conquêtes «que ce système obsolète menace aujourd'hui de liquidation, notamment à travers le projet de la loi sanitaire actuellement en débat à l'APN, l'avant-projet moyenâgeux du code du travail, les menaces de suppression des subventions sociales, les menaces qui se précisent sur la dénationalisation des hydrocarbures…», met en garde le SB du parti. Pour le PT d'ailleurs, «ce sont les politiques d'austérité, de gel de projets ainsi que l'augmentation tous azimuts des prix qui ont engendré les mouvements de protestation et de grève». Satisfait du «dénouement positif du mouvement de grève des enseignants», le PT condamne «la répression opposée au à la manifestation des étudiants des écoles (normales) supérieures, en grève depuis plusieurs semaines».