Les médecins résidents ont de nouveau boycotté le premier examen de spécialité du DEMS. L'épreuve nationale d'ophtalmologie, organisée hier à la faculté de médecine de Ben Aknoun, a été boudée par la majorité écrasante des candidats, marquant ainsi leur détermination à faire face à toutes formes de pression, de menaces et de mises en garde du ministre. «Sur les 70 candidats, seuls 5 médecins résidents appartenant au corps militaire ont passé l'examen», précise le Dr Yassine Balhi, représentant du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Par ce boycott, les blouses blanches «ont réaffirmé leur conviction et dévouement pour défendre les droits bafoués du médecin et du malade algériens», a indiqué le Camra dans un communiqué, dénonçant un examen programmé par «une tutelle monotone et qui fait la sourde oreille». Parlant de «réussite», le Camra mise beaucoup sur le boycott du DEMS (Diplôme d'études médicales spécialisées) pour maintenir le mouvement qui dure depuis maintenant plus de quatre mois. Les candidats à cet examen de fin de résidanat constituent l'élément fort du combat, d'autant qu'ils représentent les futurs médecins spécialistes appelés à effectuer le service civil. Les autorités sont donc obligées de chercher des solutions pour éviter les fameux «déserts médicaux». A l'appel du Camra, plusieurs dizaines de médecins résidents ont fait le déplacement à la faculté de Ben Aknoun pour soutenir l'action du boycott de leurs aînés. Mais cela n'a pas été sans incidents, regrette-t-on de mêmes sources, puisque des arrestations ont été effectuées dans les rangs des blouses blanches. «Une cinquantaine de collègues ont été interpellés par la police au niveau de Chateauneuf, embarqués dans des fourgons et conduits dans différentes commissariats comme Chéraga, Ben Aknoun et Kheraïssia», témoigne le Dr Balhi, précisant que «l'une des membres du bureau du Camra, le Dr Meriem Hadjab, a été blessée». Arrestations Un rassemblement a vite été improvisé par le Camra au CHU Mustapha Pacha d'Alger pour «réclamer la libération immédiate» des médecins résidents arrêtés, menaçant de suspendre même l'activité de garde qui commence à 16h au cas où ces derniers n'étaient pas relâchés. Sur place, les forces antiémeutes déployées en grand nombre devant le portal principal de l'hôpital ont empêché les blouses blanches de sortir de l'enceinte hospitalière. Une violente bousculade, comme le montrent des vidéos postées sur les pages facebook des grévistes, s'en est suivie, avant que les choses ne se soient calmées avec la libération des résidents retenus dans les commissariats. En grève depuis le 14 novembre 2017, les médecins résidents ont franchi hier un autre cap dans leur mouvement, en suspendant l'activité hospitalière entre 8h et 16h. Une décision qui est venue «en réponse aux pressions exercées par l'administration, notamment le gel des salaires, mais aussi contre la sourde oreille de la tutelle». Le dialogue entre le ministère de la Santé et le Camra est suspendu, faute d'accord sur les principales revendications, à savoir l'abrogation du caractère obligatoire du service civil, la révision du statut du résident et le droit aux dispenses du service militaire comme tous les citoyens.