Un tribunal militaire égyptien a condamné hier, 11 membres des Frères musulmans à la réclusion à perpétuité pour l'agression de militaires à Suez, mi-août. Il s'agit des premières condamnations de membres de la confrérie depuis la destitution et l'arrestation de l'ex-chef de l'Etat le 3 juillet par l'armée. Son «guide suprême» Mohamed Badie et plusieurs de ses principaux dirigeants répondent actuellement devant la justice d'«incitation au meurtre» de manifestants, tout comme Mohamed Morsi, toujours détenu. Le procès de 64 membres et partisans des Frères musulmans à Suez s'était ouvert le 24 août devant un tribunal militaire. A l'issue de cette troisième et dernière audience, le tribunal a prononcé 11 condamnations à perpétuité, tandis que 45 autres accusés ont écopé de cinq années de prison et que les huit derniers ont été acquittés. Les 64 islamistes étaient accusés d'avoir tiré à la chevrotine et jeté des pierres sur les soldats à Suez, peu après que la police a lancé un assaut sanglant le 14 août sur deux importants rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant des centaines de morts en une journée devenue la plus meurtrière de l'Histoire récente du pays. La justice égyptienne a ordonné également la fermeture définitive de quatre télévisions, dont l'antenne égyptienne d'Al Jazeera et la chaîne des Frères musulmans. Outre Al Jazeera Mubasher Misr et Ahrar 25, le tribunal administratif du Caire a ordonné la fermeture de deux autres chaînes, Al Quds et Al Yarmouk. La diffusion d'Ahrar 25, ainsi que de plusieurs autres chaînes, avait été interrompue quelques heures après la destitution et l'arrestation du président Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet. La chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera a récemment évoqué une «campagne» menée contre elle, en particulier depuis que ses locaux ont été fouillés dès le 3 juillet, après qu'elle a diffusé une vidéo dans laquelle M. Morsi se disait le seul président «légitime» d'Egypte juste après sa destitution par les militaires. Dimanche, trois journalistes étrangers travaillant pour la chaîne qatarie en anglais ont été expulsés d'Egypte, tandis que les locaux d'Al Jazeera Mubasher Misr, ont été perquisitionnés à plusieurs reprises et que du matériel a été saisi. Un correspondant d'Al Jazeera en langue arabe, Abdallah Al Chami, et un caméraman de la station égyptienne de la chaîne satellitaire, Mohamed Badr, ont également été détenus pendant plus d'un mois, selon la chaîne. Les autorités et les médias locaux accusaient Al Jazeera de couvrir de façon partiale les évènements sanglants qui ont suivi la destitution de M. Morsi à la suite de manifestations monstre réclamant son départ. Lundi, la justice avait déjà ordonné la fermeture définitive de la chaîne Al Hafez pour «atteinte à l'unité nationale» et «incitation à la haine contre les chrétiens». Des présentateurs de cette télévision avaient à plusieurs reprises provoqué l'ire des Coptes, les chrétiens d'Egypte, et des libéraux pour leurs discours virulents à leur encontre. Appel à manifester Les partisans du président égyptien déchu, Mohamed Morsi, ont appelé à des manifestations à l'échelle nationale hier deux mois, jour pour jour, après sa destitution par l'armée. Dans un communiqué publié lundi, l'Alliance pour la démocratie et contre le coup d'Etat, dirigée par les Frères musulmans, la confrérie du président islamiste déchu, a affirmé que ces manifestations se dérouleraient sous le slogan «Le coup d'Etat est le terrorisme». Cet appel intervient au lendemain de l'annonce par le président par intérim Adly Mansour, de la composition du «Comité des 50» chargé de réviser la Constitution, principalement formé de membres des courants libéraux et de gauche, les mouvements islamistes ayant refusé d'y participer, à l'exception du parti salafiste Al Nour. L'Alliance appelle à «une participation active dans ces manifestations et autres activités visant à obtenir le retour de Morsi». Les partisans du président islamiste déchu n'avaient rassemblé que quelques milliers de manifestants vendredi dernier, signe que leur capacité à mobiliser a été réduite.