Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a déclaré mardi que l'enquête des Nations Unies sur l'utilisation présumée d'armes chimiques en Syrie était ''la mieux placée pour établir de manière indépendante les faits de façon objective et impartiale''. Intervenant dans une conférence de presse tenue au siège de l'ONU, M. Ban a demandé que ''toutes les chances soient données à la mission d'enquête de l'ONU pour qu'elle remplisse sa tâche'', ajoutant que son travail est effectué ''dans le strict respect des normes internationalement reconnues''. Par ailleurs, il a appelé à ''considérer l'impact de toute action militaire punitive contre le gouvernement syrien sur les efforts visant à prévenir l'effusion de sang et faciliter un règlement politique du conflit en Syrie.'' Depuis l'attaque survenue dans la zone de Ghouta, le 21 août dernier, la mission d'enquête de l'ONU sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, dirigée par M. Ake Sellstrom, ''a travaillé dans l'urgence pour établir les faits et l'éventuel recours à des armes chimiques'', a expliqué le Secrétaire général. M. Ban a indiqué avoir informé mardi les 10 membres non permanents du Conseil de sécurité de l'évolution de l'enquête, après l'avoir fait vendredi dernier à l'intention des cinq membres permanents. Le Secrétaire général a indiqué que la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Angela Kane, allait informer les autres Etats membres de l'ONU. Aussi, il a souligné l'importance qu'il y a de faire en sorte que les délais scientifiques nécessaires pour une analyse précise, et la plus exacte possible, ne soient pas compromis. Lorsque la mission aura abouti à des conclusions sur l'incident de Ghouta, le Secrétaire général a avancé qu'il en communiquerait rapidement les résultats aux Etats membres et au Conseil de sécurité. Il a annoncé également que la mission serait dès que possible de retour en Syrie afin de compléter son enquête et préparer son rapport final. ''Si elle est confirmée, toute utilisation par quiconque d'armes chimiques, quelles que soient les circonstances, serait une violation grave du droit international et un crime de guerre ignominieux'', a souligné M. Ban. Eviter les représailles qui compromettent les chances d'un règlement pacifique Indiquant qu'il avait pris note des appels demandant que des actions soient menées pour faire en sorte qu'il n'y ait plus d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, il a néanmoins invité à éviter toute mesure de représailles qui compromettrait les chances d'un règlement pacifique du conflit et a demandé aux acteurs régionaux et internationaux de déployer tous les efforts nécessaires pour que se tienne au plus tôt la Conférence de Genève sur la Syrie. Le Secrétaire général a avancé, en outre, qu'il saisirait l'occasion offerte par la tenue du Sommet du G-20 à Saint-Pétersbourg (Russie) dont l'agenda doit porter sur les questions économiques mondiales, dont les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), pour s'entretenir avec les dirigeants sur la crise syrienne, y compris l'aide humanitaire pour les 2 millions de réfugiés syriens et les 4,2 millions de personnes déplacées. Rappelant que le Conseil de sécurité avait la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, M. Ban a invité celui-ci, en se basant sur les résultats de l'analyse scientifique des échantillons confiés par la mission d'enquête aux laboratoires, à envisager la prise de mesures en respectant scrupuleusement les termes de la Charte des Nations Unies. Le recours à la force n'est légal qu'en cas de légitime défense ''C'est là l'appel que je lance. Le recours à la force n'est légal qu'en cas de légitime défense, en vertu de l'Article 51 de la Charte, et lorsque le Conseil de sécurité approuve de telles actions'', a-t-il insisté. Par ailleurs, il a noté que le mandat d'enquête sur l'utilisation d'armes chimiques demeure inchangé, précisant qu'il n'appartenait pas à la mission d'enquête de définir des responsabilités ou de désigner qui a fait usage de ces armes. ''Son mandat se fonde sur les normes établies et reconnues de la communauté internationale. Et nous travaillons en collaboration très étroite avec l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Quand nous serons prêts, nous enverrons de nouveau la mission en Syrie pour rapport définitif'', a-t-il poursuivi. Répondant à une question de la presse portant sur la légalité ou l'illégalité de frappes militaires contre la Syrie prônées par le président Barack Obama, M. Ban a répondu qu'il avait ''pris note'' de la déclaration du président américain. ''J'apprécie les efforts qu'il déploie afin que les éventuelles mesures qu'il pourrait prendre s'appuient sur un large éventail d'avis venant du peuple américain, notamment le Congrès. Quant au reste, j'ai clairement fait connaître mes positions en ce qui concerne la situation actuelle'', a-t-il souligné.