A moins de trois semaines de l'arrêt officiel des cours, prévu pour le 15 mai prochain, les élèves des classes terminales désertent les bancs de l'école pour se consacrer aux cours de soutien dispensés en dehors de leurs établissements scolaires. En effet, en raison des perturbations qui ont affecté le secteur de l'éducation durant plusieurs mois, des milliers d'élèves de classes de terminale ont fait le choix de préparer leur examen ailleurs qu'au niveau des lycées. Alors que le ministère de l'Education nationale a fixé la date de l'arrêt officiel des cours pour le 15 mai prochain au niveau des établissements des trois paliers scolaires, et pour le 25 dans certaines écoles qui ont concédé un retard dans l'élaboration du programme en raison de la grève illimitée du Cnapeste, les classes de troisième année se sont déjà vidées. «Je tiens à réussir et je ne veux pas perdre mon temps au lycée», nous a déclaré Chahinez, candidate au baccalauréat série Sciences, au niveau du lycée Ibn Khaldoun de la commune de Rais Hamidou. Selon elle, suite à la grève des enseignants, elle a décidé de ne plus compter sur les cours dispensés au niveau de son établissement. «Je prends des cours particuliers à l'heure, dans trois matières principales (math, physique et sciences), et j'arrive à mieux assimiler les leçons qu'en classe», a-t-elle certifié. Elle a indiqué qu'elle n'attendra pas le 15 mai pour quitter l'école. Concernant le rattrapage des cours, cette élève a estimé que le programme scolaire est loin d'être assuré. Pour Nadej, élève au lycée Okba sis à Bab el Oued, candidate au baccalauréat série lettres et langues, «les enseignants font dans le bâclage. «Pour la philo, notre prof nous donne des polycops à apprendre au lieu de nous expliquer la leçon», a-t-elle déploré. Pour elle, toutes les assurances émises par la ministre de l'Education nationale lors de ses différentes sorties médiatiques n'ont «rien à voir» avec la réalité du terrain. «Quand j'entends ses déclarations sur les efforts déployés par son département pour assurer le rattrapage effectif des cours et que je constate l'indifférence de certains de nos enseignants qui brillent par leurs absences, je me rends compte de la nécessité de me concentrer sur les cours particuliers». Pourtant, la famille de l'éducation a été interpellée à maintes reprises par Nouria Benghebrit pour se mobiliser et accompagner les élèves dans le rattrapage des cours non dispensés. «Toutes les ressources» du secteur de l'éducation ont été mobilisées pour rattraper aux élèves le retard accusé dans les cours en raison de la grève du Cnapeste, avait-elle assuré. Aymen, étudiant en gestion, a pour sa part affirmé qu'il ne se présentera pas au bac blanc, prévu pour le 25 mai prochain. «Je ne passerai pas le bac blanc le 25 du mois prochain. Il ne peut être un test d'évaluation pour le bac prévu un mois plus tard, alors que les cours prévus dans le programme scolaire n'ont pas été dispensés», a-t-il expliqué. L'opération de rattrapage a atteint les 70% De son côté, pour Amina Bouicha, enseignante en langue arabe au niveau d'un lycée situé dans la wilaya de Chlef, le rattrapage des cours a atteint 70% au niveau des établissements touchés par la grève. «Il semble vraisemblablement qu'on ne pourra rattraper à 100% les cours non dispensés, mais on a pu atteindre les 70%», a-t-elle souligné. *Elle a également appelé les élèves à continuer à se rendre dans leurs lycées jusqu'au 15 mai prochain. Sabrina Hadech, enseignante en langue française dans un lycée situé aux Eucalyptus, met en garde les élèves contre tout relâchement et leur rappelle que la fin des cours est programmée dans trois semaines. Un délai qui, selon elle, est largement suffisant pour rattraper les cours. Accusés de bâcler leur travail, d'autres enseignants prétextent qu'ils sont pressés par le temps et tentent de donner le maximum de leçons à leurs élèves. Du côté du ministère de l'Education, l'inspecteur de l'éducation, Arezki Amokrane, assure que l'opération de rattrapage se passe bien. Selon lui, les efforts déployés par les services du ministère ont abouti et le taux de rattrapage est très élevé, sans donner de chiffres précis. Par contre, les parents d'élèves ne semblent pas être tout à fait rassurés. Des associations de parents d'élèves relèvent l'impossibilité de rattraper tous les cours non dispensés. «Nous comprenons qu'il est impossible de rattraper trois mois de cours. Pour cela, nous souhaitons que les sujets d'examen soient en adéquation avec les cours dispensés», a fait remarquer Ali Benzina, président de l'organisation nationale des parents d'élèves.