Ce qui ne devait être qu'une rumeur s'est avéré une réalité. Dans un post sur sa page Facebook, le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) avait alerté, il y a quelques jours la corporation des pharmaciens au sujet de «changements fondamentaux» dans le projet de loi sanitaire présenté au débat durant deux jours à l'APN. Conséquence : le Snapo appelle à une grève générale des pharmaciens d'officine à partir de samedi prochain. Les craintes de ce syndicat concernant un changement fondamental se sont avérées justifiées au sujet de l'article 259 qui énonce que «le pharmacien d'officine est unique propriétaire et unique gestionnaire de l'officine dont il est titulaire». En effet, cet article a tout bonnement été «annulé et renvoyé vers l'article 226 qui n'a rien à voir avec les officines puisqu'il concerne les établissements et sociétés pharmaceutiques», a déclaré, hier, au Temps d'Algérie, Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo). «Il y a un réel danger pour la profession. Cette loi va sonner définitivement la disparition du pharmacien d'officine», a-t-il précisé. Poussant plus loin la lecture de l'annulation de l'article 259, M. Belambri a souligné que «c'est la porte ouverte aux multinationales. Il y a un danger pour la production nationale de médicaments et un danger supplémentaire pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS)». Pourtant ce syndicat avait été associé à l'élaboration du projet de loi sanitaire. «On a été associé à son élaboration (la loi sanitaire, ndlr) durant différentes rencontres. Nous avons discuté des nouvelles missions des officines et confirmé le nouveau statut de l'exercice de l'officine en Algérie», nous a affirmé le président du Snapo. Si les membres de ce syndicat ont été reçus en décembre dernier par le ministre de la Santé puis par la commission avec laquelle plusieurs points ont été abordés tels que la formation continue des pharmaciens ainsi que le volet du service de garde, il n'en demeure pas moins que son président s'est dit «surpris» par la mouture finale, présentée au débat à l'APN. Outre l'appel à un mouvement de grève national, décidé avant-hier tard dans la soirée, après les premières concertations, le Snapo, par la voix de son président, garantit qu'«un service de garde minimum sera assuré par les officines» et «une réunion du bureau national est programmée pour aujourd'hui pour décider des actions à entreprendre». Sur la page Facebook du Snapo, des pharmaciens critiquent cette loi et parlent de «provocation», tandis que d'autres estiment qu'«il y a urgence à entreprendre une action», vu que le vote de la loi sanitaire au niveau de l'APN doit avoir lieu le 30 avril. Cependant, M Belambri appelle les parties concernées à rétablir l'alinéa de l'article 259, qui précise que le pharmacien a la responsabilité au niveau de l'officine et la responsabilité dans son mode d'exercice.