Après avoir appelé à un mouvement de protestation nationale à partir de samedi prochain, le Snapo a décidé hier de ne pas appeler à la grève après avoir reçu des assurances du ministère de la Santé quant au rétablissement de l'alinéa de l'article 259 du projet de loi sanitaire soumis à débat à l'APN. Pour éviter d'avoir deux fronts en feu dans son secteur, avec la grève des résidents qui prend des proportions inégalées, le ministère de la Santé a décidé hier de répondre favorablement aux revendications de la corporation des pharmaciens d'officine. En effet, Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) a affirmé hier, lors d'un point de presse, que le ministre de la Santé a donné des assurances aux pharmaciens quant au rétablissement de l'alinéa de l'article 259. «Nous avons reçu des assurances sérieuses et sûres (de la tutelle, ndlr) quant au rétablissement de l'alinéa de l'article 259», a déclaré le président du Snapo, précisant que «le bureau national a décidé alors dans un cadre consensuel de ne pas appeler à la grève». Pour M. Belambri, «nous restons vigilants et hautement préoccupés et nous espérons que les promesses faites vont être tenues. Mais nous n'avons aucune raison de douter de la parole du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière». Il faut rappeler que lors de la présentation de la loi sanitaire en débat à l'APN au cours de cette semaine, le Snapo avait déclaré au Temps d'Algérie qu'un changement fondamental avait été opéré dans l'article 259 qui énonce que «le pharmacien d'officine est unique propriétaire et unique gestionnaire de l'officine dont il est titulaire». En effet, cet article avait tout bonnement été «annulé et renvoyé vers l'article 226 qui n'a rien à voir avec les officines puisqu'il concerne les établissements et sociétés pharmaceutiques», selon Messaoud Belambri. Le président du Snapo avait estimé qu'«il y a un réel danger pour la profession. Cette loi va sonner définitivement la disparition du pharmacien d'officine. C'est la porte ouverte aux multinationales. Il y a un danger pour la production nationale de médicaments et un danger supplémentaire pour la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnas)». Dans une déclaration faite hier lors de son passage à l'émission L'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale, M. Messaoud Belambri a souligné que «la pharmacie est un espace de santé, une continuité du service public et du système de santé global. Et si on touche à ce mode d'exercice, c'est tout le système de santé qui va être ébranlé ainsi que la politique nationale du médicament». Exit le système de santé anglo-saxon Si cette loi était maintenue en l'état et adoptée par l'APN, «elle serait en contradiction totale avec la politique menée actuellement (par les pouvoirs publics, ndlr ) en matière d'encouragement de la production locale de médicaments, d'accessibilité au médicament mais aussi en matière de sécurité sociale», a-t-il relevé. «En fait, l'Algérie se retrouverait avec des chaînes de pharmacies, soit des entités commerciales qui emploieraient des professionnels de la santé, mais aujourd'hui, aucun pharmacien n'acceptera d'être soumis à l'autorité de l'argent». Pour Messaoud Belambri, «il n'y a aucune raison de revoir ce système, car il a fait ses preuves et aucune défaillance n'a été observée. Les pharmaciens ont adhéré à la politique sociale et à la politique de production nationale décidée par les pouvoirs publics, notamment en matière de tarif de référence, de sécurité sociale à travers le système du tiers-payant et le système Chiffa». La nouvelle loi sanitaire aurait mené l'Algérie vers le système anglo-saxon en matière de santé. Un système où, selon M. Belambri, «les médicaments ne sont pas soumis à un plafonnement tarifaire, les marges ne pas régulées et les prix des médicaments sont les plus chers au monde». Dans ce sens, l'intervenant a tenu hier à exprimer sa satisfaction, au nom du Snapo et des pharmaciens, quant au dénouement de cette affaire en déclarant qu'«hier (avant-hier, ndlr), le ministre de la Santé et de la réforme hospitalière s'est réuni avec ses conseillers. Nous avons reçu des assurances et des garanties que le ministère va intervenir auprès de la commission de santé de l'APN pour rétablir l'article 259 tel qu'il a été adopté par le gouvernement et le ministère de la Santé». Les pharmaciens d'officine ont de nouvelles missions thérapeutiques et de prévention pour accompagner les malades chroniques. A ce sujet, le président du Snapo a estimé qu'à travers la réforme du système du tiers-payant, «de nouveaux modes de rémunération pour les pharmaciens d'officine ont été prévus dans le cadre de l'accompagnement des malades chroniques et cela ne pourra être que bénéfique, que ce soit pour les assurés ou pour la Sécurité sociale qui engrangera des économies». Enfin, depuis le mois de janvier dernier, une cellule de veille a été mise en place pour faire face aux ruptures de stocks de médicaments réclamée par tous les opérateurs – Conseil de l'ordre des pharmaciens, l'UNOP et le Snapo. «Nous faisons un travail de terrain en détectant les anomalies que nous signalons à l'Autorité sanitaire afin qu'elle puisse prendre des mesures rapides», a conclu M. Belambri.