Selon des journaux spécialisés dans le football, les joueurs du Mouloudia d'Alger sont mécontents de la direction de leur club au motif qu'elle ne leur a pas procuré des appartements où loger. Les mêmes journaux rapportent que le responsable du club algérois aurait très mal réagi à cette fronde, indiquant que le club algérois «n'est pas l'AADL». La conclusion que l'on peut tirer de cette affaire est que les joueurs algériens sont passés dans l'ère du professionnalisme mais que leur esprit est demeuré celui du tout petit amateur. Il est vrai que s'ils agissent de la sorte c'est parce qu'on les a habitués à avoir le beurre et l'argent du beurre. Depuis de nombreuses années, les dirigeants des clubs sont au service de ces messieurs qui les poussent à commettre d'énormes bévues de gestion. On a rencontré par le passé des présidents de club qui payaient les notes de téléphone des parents de certains de leurs joueurs. C'est dire que les abus il y en avait et jamais il ne s'est trouvé un dirigeant de club à s'en plaindre. Il est vrai que les AG bilans passaient comme des lettres à la poste et il y a des sommes dont on n'a jamais su, avec exactitude, où elles avaient atterri. Les joueurs du MCA réclament des logements et puis quoi encore ? On leur payera ensuite les meubles, la voiture, la bonne pour entretenir la maison, une nurse pour garder les enfants et tutti quanti. Ils nous gaveraient chaque week-end d'un spectacle de haute qualité on comprendrait ces caprices, mais connaissant le jeu dégoulinant de médiocrité qu'ils nous servent à chaque match, ils ont tout intérêt à se faire tout petits en matière de revendications. Le professionnalisme ne peut empêcher un joueur de réclamer de tels privilèges mais cela se négocie avant de signer le contrat. En Europe, de très grands joueurs obtiennent de leur club qu'il leur paye maison et voiture mais ce sont justement de très grands joueurs, une qualité que n'ont pas les nôtres. Le responsable du Mouloudia a raison de dire que son club «n'est pas l'AADL». Voilà des joueurs qui perçoivent en moyenne plus de 1 million de dinars par mois, sans compter les primes, qui se permettent de demander des logements à leur club. Mais c'est qu'ils ont assez de sous pour se payer chacun un appartement. Si ce n'est à titre d'achat du moins ils ont largement de quoi louer des «apparts» grand standing. On ne voit pas pourquoi l'ouvrier qui perçoit une misère comme salaire est obligé de payer sa location et pas un milliardaire de joueur à peine capable de pousser un ballon avec ses pieds. Cela n'est pas sans nous rappeler le jour, où en conférence de presse, un de nos confères avait demandé au ministre de la Jeunesse et des Sports d'intervenir en faveur de Noureddine Morcelli pour qu'il obtienne un logement dans la capitale. A cette époque-là, Morcelli était au fait de sa forme et battait record sur record. Sa moindre participation dans un meeting était négociée à plus de 100 000 dollars. En outre, il avait un compte en banque bien rempli avec toutes les récompenses de l'Etat. Avec tout cet argent Morcelli avait-il réellement besoin de ce même Etat pour qu'il trouve un logement ? Il ne faut tout de même pas abuser. Le club de football, comme l'Etat, n'est pas une vache à traire. Un joueur est un travailleur soumis aux mêmes obligations que n'importe quel autre travailleur du pays, dont celle de payer soi-même son logement. Et on peut aller plus loin. On ne comprend vraiment pas pourquoi les clubs vont jusqu'à prendre en charge la restauration des joueurs. Que nos clubs aillent faire une virée en Europe pour voir comment ça se passe chez eux. Là-bas, le joueur n'est pris en charge que les jours de mise au vert. En dehors de cela, c'est à lui de payer sa nourriture. On devrait s'en inspirer en Algérie et tous les clubs en sortiront bénéfiques.