En tête du classement des passeurs en Ligue 2, le Havrais Zinedine Ferhat est devenu le nouveau recordman en la matière sur une saison. De quoi donner envie d'en savoir plus sur l'Algérien… Découverte. «Au pays, je suis connu, j'ai gagné plein de titres, mais en France, personne ne me connaît. Alors je vais bosser dur.» C'est ainsi que s'est annoncé en 2016 Zinedine Ferhat lors de son arrivée en L2 au Havre. Il a misé sur l'humilité, bien lui en a pris. Deux ans plus tard, il marque l'histoire de la L2. En effet, l'ancien joueur de l'USM Alger est désormais le meilleur passeur de l'antichambre de l'élite avec 18 offrandes. Record en la matière. Du jamais vu, et ce n'est peut-être pas fini… Après une saison de rodage au terme de laquelle il a tout de même terminé l'exercice avec 3 buts et 8 passes décisives, il explose cette saison en Normandie dans un poste de milieu offensif excentré. Les qualités fortes ? Carl Medjani, son aîné en sélection, nous donne quelques éléments de réponse : «C'est un joueur qui a des vraies qualités physiques. Il est rapide et endurant à la fois. Autre élément, lors de nos stages ou de nos matches en sélection, j'ai remarqué qu'il avait une belle détente. Il répète les efforts. Techniquement, c'est un joueur propre qui joue juste, évidemment avec une qualité de passe au-dessus de la moyenne. Il est intelligent, il ne va pas chercher à régaler par des roulettes ou des passements de jambes. Il va jouer simple, et ça c'est très important.» La confiance de Rabah Madjer Avant d'atterrir sur l'autre rive de la Méditerranée, Ferhat a fait ses classes à l'USM Alger, puissant club du pays où il a croisé la route d'Hervé Renard, et surtout de Rolland Courbis. Les deux ont cru en lui, surtout le second qui a eu un petit coup de cœur pour celui que toute l'Algérie surnomme «Zinou». Le natif de Bordj Menaiel a failli le suivre à Montpellier, mais il a finalement pris son temps et attendu la fin de son contrat avec l'USMA. Et là, plus prompt, le Havre a doublé tout le monde pour s'attacher les services de l'Algérien. Un choix judicieux selon Carl Medjani. «Je trouve déjà que d'avoir fait le choix de partir d'Algérie, et de venir en L2, cela a été très courageux de sa part. Aujourd'hui, il doit être très satisfait. La saison qu'il réussit valide ce départ de l'USM Alger où il était dans une situation confortable. Il a décidé de se mettre en danger, et c'est comme cela qu'on avance», confie l'ex défenseur central des Fennecs. Un risque payant aussi sur la scène internationale puisqu'il semble jouir de la confiance du nouveau sélectionneur, Rabah Madjer. Avec 6 capes au compteur, le champion d'Algérie 2014 et 2016 a une vraie carte à jouer dans la perspective de la CAN 2019. Il avait déjà été testé par Vahid Halilhodzic contre la Slovénie en mars 2014 juste avant le Mondial. Madjid Bougherra s'en souvient encore. L'ancien capitaine de la sélection algérienne nous raconte sa rencontre avec celui qui avait été élu meilleur espoir du football algérien : «Je l'ai vu en stage une ou deux fois avec nous. C'est un gamin très gentil. Il s'est fait discret, et il a travaillé. Ce qui m'a surpris la première fois que je l'ai vu, c'est son gabarit et son physique. Par rapport à d'autres joueurs en Algérie, il avait un corps d'athlète un peu à la Cristiano, très affûté et gainé. Pour moi, c'était un indice, cela voulait dire qu'il avait compris que son corps était son outil de travail. A ce moment-là, je savais qu'il avait commencé à se faire un nom en Algérie, notamment sous la direction de Rolland Courbis. C'était un espoir, et là il confirme en L2 avec 18 passes décisives. C'est magnifique !" Sur la suite de sa carrière, «Boogy» est confiant : «La L2, c'est le tremplin parfait pour se former tactiquement et acquérir la mentalité d'un joueur professionnel. J'espère que le HAC va monter, sinon, il doit passer un cap, il en a les moyens", analyse-t-il. Comme milieu offensif, relayeur ou dans une autre position ? C'est la question que se pose Carl Medjani : «Avec quelques anciens de la sélection, on le regarde de près, et on se demande si pour exploser au plus haut niveau, il ne devrait pas définitivement se reconvertir comme latéral droit. Parce qu'on pense qu'il a toutes les aptitudes pour être un arrière droit moderne comme on en trouve dans les grands clubs européens. Mon sentiment, c'est que dans le futur, il y a des coaches qui vont réfléchir à cette option avec lui.» Un de ses anciens entraîneurs y avait d'ailleurs déjà pensé : "C'est un contre-attaquant né. Je l'avais repositionné à ce poste ou alors comme relayeur dans un 3-5-2, nous explique Rolland Courbis. Footballistiquement, il a un intérêt à faire ce choix. Il faut qu'il comprenne que ce n'est pas seulement pour défendre, mais pour partir avec plus d'élan, et faire la différence avec ses qualités. J'ai fait pareil avec d'autres joueurs par le passé (Candela, Pavon, Grenet…).» Au final, avis aux amateurs : sous contrat jusqu'en 2019, Zinedine Ferhat sera à coup sûr l'un des joueurs sollicités lors du prochain mercato.