C'est une agréable et belle farandole de calligraphies qui sont accrochées aux cimaises de la galerie Ezzou'art à Alger. Intitulée : «L'harmonie des Lettres», cette exposition du tandem de calligraphes Salah El Magbad et Athmane Allalou s'inscrit dans l'esprit et le ton du ramadhan. Ce sont deux artistes-peintres dont le style est différent, que seule la passion de la calligraphie réunit. De visu, les œuvres de Athmane Allalou sont plus ancrées dans la modernité. L'artiste donne une grande latitude et liberté à la lettre qui vogue dans ses tableaux remarquables aux grès de ses envies et désirs. La lettre est n'est point chevillée à quelque point, ou repère, elle est aérienne, fluctuante, éparse et mouvante par moment ou ineffable. «Mon trait est libre, je m'inspire de la calligraphie syrienne et de l'irakien Hassan Messaoudi», précise-t-il. D'ailleurs, il y a diverses écritures dont le Maghrébi, le Diwani, le washk, le karaouani et la sienne correspond au trait «Toulate» du Moyen -Orient. Magnifique chorégraphie L'assemblage de lettres entremêlées donne un admirable rendu qui attire le regard tant par cette magnifique chorégraphie de lettres que par ses extraordinaires et adéquates couleurs. Sous le pinceau empreint de dextérité, et de souplesse, la lettre évolue lentement mais sûrement pour offrir une harmonieuse et sublime composition. La palette d' Athmane s'inscrit dans le bleu et le turquoise. «C'est ma prédilection», dit-il. D'autres teintes se greffent également égayant cette calligraphie colorée. Dans certaines toiles, la lettre vogue seule et se juxtapose avec d'autres, dans quelques unes de ces œuvres, il y a un texte. C'est selon l'inspiration. Diplômé de l'école supérieure des Beaux-Arts en miniature, Athmane a participé a différents workshops de peinture, gravure et céramique. Actuellement, mis à part la calligraphie, il travaille pour des boites de communication pour des affiches. Notons qu'il a eu le prix du président de la république pour les jeunes créateurs «Ali Maâchi» en 2008 en peinture, et qu'il a été le premier lauréat du prix de la mosaïque au musée des Antiquités d'Alger en 2013. L'oriental Pour l'artiste calligraphe, Salah El Magbad, il est plus inspiré par le style Diwan qu'il a adopté lors de sa formation aux Emirats arabes auprès d'enseignants irakiens. En outre, pour parfaire ses connaissances, il sillonna le Moyen-0rient pour apprendre l'art et le style oriental dans la décoration. D'ailleurs, lorsque l'on voit les compositions de Salah, on remarque d'emblée une profonde recherche. Ses toiles sont très colorées et la calligraphie sert de décoration. Avec des textes écrits,il sait avec art en faire un extraordinaire ornement et une belle enjolivure. Avec délicatesse et finesse, la lettre plie, se soumet à son pinceau voltige, se meut et suggère une décoration d'une extrême élégance. Plus traditionnelle, cette calligraphie rappelle celle des pays arabes du Moyen-Orient. Elle est rehaussée par des couleurs vives pour certaines compositions et plus éthérées pour d'autres comme cette sublime toile tout de turquoise. Salah El magbad, cet enfant de Laghouat, nourri à la sève poétique par sa famille n'hésite pas à introduire dans sa calligraphie des tons ardents. Il franchit le cap et y met l'orange, le jaune, le vert, le marron, le noir et le turquoise dans sa calligraphie. Cette harmonie des nuances égaye le tableau, le rend plus lumineux et rend la lettre moins conventionnelle. Cette palette plurielle donne plus de dynamisme et de vigueur à la composition. On a l'impression que les lettres dansottent, voltigent, sautillent au gré de ces teintes. Ce qui donne à Salah son propre style et empreinte dans cet art. Ce sont de belles œuvres qui témoignent du savoir-faire et du talent de l'artiste. Il est à relever que bon nombre de ses tableaux se trouvent chez des particuliers et des institutions gouvernementales ainsi que dans des collections en Algérie, aux Usa, en Grande Bretagne, et aux Emirats arabes.