Le PDG de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, est revenu, hier, sur l'affaire de sa condamnation à la prison dans le cadre de l'affaire BRC en 2007. «J'ai passé deux ans de prison à Blida, chez les militaires ; j'ai été condamné officiellement à 30 mois de prison ferme, mais avant de les terminer, on est venu me dire tu sors, j'ai refusé, j'ai demandé pourquoi vous m'avez mis en prison et pourquoi vous voulez que je sorte aujourd'hui ?», a-t-il déclaré dans un entretien au Quotidien d'Oran. Rappelant qu'il était condamné pour «espionnage», Ould Kaddour qui était depuis entre 2002 et 2007 PDG de la société Brown and Root Condor (BRC), dans laquelle l'Algérie est actionnaire avec l'américain KBR, une filiale d'Haliburton, a affirmé qu'il ne sait pas pourquoi il a été libéré avant d'avoir purgé toute sa peine. «On m'a sorti de prison comme on m'a fait entrer, sans aucun papier, sans aucun dossier», a-t-il dit. «On traitait de gros projets, qui dit gros projets, dit grosses sommes d'argent, on nous en voulait. J'ai été jugé pour espionnage alors que BRC avait construit le siège de l'état-major de l'armée ! N'est-ce pas contradictoire ?», s'est-il interrogé avant de soutenir que l'affaire BRC est «une affaire compliquée, scabreuse». Selon lui, BRC était une entreprise performante de niveau mondial qui réalisait des projets complexes dans les délais et dans les coûts. Il a noté que BRC avait construit le centre de criminologie de Bouchouaoui, le siège du ministère de l'Energie, les hôpitaux d'Oran et de Constantine, le centre d'expertise et des grands brûlés de Aïn Naadja. Le PDG de Sonatrach se dit convaincu que l'affaire BRC était dirigée contre l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. «Elle a été diligentée pour casser Chakib Khelil», a-t-il lancé, expliquant que ce dernier «n'a jamais accepté que le DRS s'implique dans la gestion des entreprises affiliées à Sonatrach, encore moins dans son ministère». Ould Kaddour a évoqué également la question des départs massifs des cadres de Sonatrach vers les entreprises étrangères, estimés à plus de 10 000 cadres qui ont quitté la société durant les quatre dernières années. «Il y a eu des retraites anticipées, mais beaucoup d'entre eux ont quitté pour aller travailler ailleurs, en général à l'étranger», a-t-il dit. Il ajoute que «le départ de nos cadres vers les multinationales nous fragilise, on ne peut plus se permettre une telle hémorragie». Ould Kaddour a regretté «des défaillances dans le système du travail, le manque de motivation, de perspectives». Avant d'aborder l'achat par la compagnie nationale auprès d'Exxon Mobil de la raffinerie d'Augusta, en Sicile (Italie), le PDG de Sonatrach a déploré la situation de la campagnie. Il a trouvé «bizarre que personne ne se demande pourquoi Sonatrach n'a pas de présence importante à l'international ou par exemple ne fait pas de raffinage...» «Sonatrach a importé de 2011 à ce jour plus de 16 milliards de dollars de produits raffinés, on achète pour deux milliards de dollars par an de carburants, jusqu'à quand !», a-t-il lancé, justifiant l'achat de la raffinerie en Italie. «J'ai passé 25 ans à étudier, je suis diplômé en génie chimique de l'école nationale polytechnique d'Alger, j'ai fait MIT (Massachussets Institute of Technology), Harvard University (...), avec toutes les écoles que j'ai fréquentées, on vient me dire aujourd'hui : n'achetez-pas ! De quoi se mêlent les étrangers ? (...) On est des professionnels !», s'est-il défendu. Il a ajouté que la procédure d'acquisition d'Augusta est passée par la concurrence. «On était sur une compétition, ce n'est pas le gré à gré, c'est un processus concurrentiel, on s'est dit que pour construire une raffinerie neuve, il faut 5 milliards de dollars et ça nous prendra 5 années, on a refusé de faire des calculs d'épicier», a-t-il dit, confirmant que le prix d'acquisition d'Augusta est de 700 millions de dollars.