L'ambassadeur européen en Algérie a opté pour l'acrobatie diplomatique envers le vœu que l'UE se démarque publiquement de la vidéo hostile au président Bouteflika publiée par une journaliste d'origine algérienne. L'Algérie qui demandait à l'UE de «se démarquer publiquement» d'une vidéo hostile au président Bouteflika, tournée au siège du Parlement européen, et que des mesures concrètes soient prises contre «les agissements irresponsables de la contrevenante», n'a pas eu gain de cause. L'ambassadeur de l'UE à Alger, John O'Rourk a opté pour une acrobatie diplomatique pour, à la fois, ne pas fâcher Alger et ne pas dénoncer la journaliste Lila Haddad. L'UE n'a pas initié de décisions concrètes contre la vidéo hostile au président Bouteflika, mais s'est démarquée de la publication. Un démarquage très limité. Alger a repris en main le dossier de la vidéo controversée de la journaliste Lila Haddad. Après un communiqué publié par son ambassade à Bruxelles, le ministère des Affaires étrangères entre en scène. Dimanche 3 juin, l'ambassadeur de l'UE à Alger, a été convoqué par le secrétaire général du département, où un haut responsable a émis «le vœu que l'Union européenne se démarque publiquement de cette manœuvre et [...] que des actions concrètes soient prises contre les agissements irresponsables de la contrevenante», note le communiqué, cité par l'agence APS. Un mini compte rendu a été posté par l'ambassadeur européen sur Twitter au terme de l'entrevue. «Les journalistes accrédités auprès des institutions européennes ne parlent pas au nom des institutions», a ainsi souligné le diplomate européen, se démarquant de la publication de la journaliste belge d'origine algérienne Lila Haddad. Il a initié les limites du démarquage : les journalistes en question s'expriment «en ligne avec les principes de liberté d'expression et liberté des médias». L'Algérie n'a pas réclamé à l'Europe une dénonciation de la vidéo, mais considère que le Tweet de M. O'Rourke n'engage que sa personne et «qu'à démarche officielle l'on est en droit de s'attendre à une réponse officielle conformément aux usages et à la pratique diplomatique consacrés». Lila Haddad, journaliste algérienne accréditée auprès de l'UE, adressait, depuis le siège du Parlement européen, un appel au président Bouteflika à ne pas se représenter à un cinquième mandat. Particulièrement virulent, et non moins éloquent, son discours a provoqué des réactions en chaîne sur la toile et les médias algériens, entre approbations et condamnations. Le débat est engagé en Europe concernant les fake news, avec la publication de nombreuses fausses informations, commanditées par des puissances politiques hostiles. On aurait cru à une prise de conscience quant à l'importance de lutter contre le non-respect de la personne humaine. Peut-être illusoire puisque jusqu'à ce jour, certains médias de l'Europe qualifient de «militants de l'Etat Islamique» les terroristes de Daech quand ils mènent des attentats contre Damas, en Irak ou en Libye. Les terroristes de Daech sont, par contre, qualifiés de tels lorsqu'ils ciblent l'Europe. Là, également, la liberté de la presse est évoquée pour justifier les qualificatifs très nobles, comme celui de militants, choisis pour les terroristes.