L'ONG Amnesty International a publié des centaines de témoignages de civils à Raqqa, victimes des frappes aériennes aveugles de la coalition dirigée par Washington. La ville a été entièrement ravagée et plusieurs centaines de civils ont perdu la vie. L'ONG Amnesty International a publié hier rapport de plus d'une centaine de témoignages accablants sur la prise de Raqqa, ex-«capitale» de Daech en Syrie, par les forces de la coalition menée par les Etats-Unis, entre juin et octobre 2017. Intitulé «Guerre d'anéantissement», le rapport revient sur la destruction presque totale de la ville par les frappes aériennes et les tirs d'artillerie de la coalition, qui ont touché massivement les civils. «Je ne comprends pas pourquoi ils nous ont bombardé. Leurs avions de reconnaissance n'avaient donc pas vu que nous étions des civils ?», s'interroge un survivant d'une frappe aérienne, cité par Amnesty International. «A Raqqa, nous avons recueilli des éléments qui indiquent que la coalition a lancé des frappes aériennes et des tirs d'artillerie aveugles ou disproportionnés. Il s'agit de graves violations du droit international», explique dans les colonnes du Monde Donatella Rovera, conseillère spéciale d'Amnesty International. Outre l'utilisation massive par le détachement de marines américains de pièces d'artillerie lourdes aux marges d'erreur importantes, dans une zone urbaine peuplée au moment des combats, Amnesty International dénonce donc les nombreuses frappes aériennes de la coalition qui ont frappé des civils. L'ONG met en cause les renseignements défaillants fournis par les Forces de l'opposition, et sur lesquels s'est basé la coalition pour mener ses frappes. Une accusation similaire à celle portée au micro de RT en septembre dernier par le journaliste Martin Jay, basé à Beyrouth, qui avait estimé que le renseignement américain était au mieux sommaire, au pire complètement défaillant. A cette époque, Moscou avait d'ailleurs devancé le constat de l'ONG, signalant les erreurs de l'aviation américaine à Raqqa, responsable d'une véritable catastrophe humanitaire. Dans son interview au Monde, Donatella Rovera note que le degré de destruction à Raqqa est «largement supérieur à celui qui prévaut dans toutes les autres villes reprises à Daech en Syrie et aussi en Irak». Difficile cependant d'établir un bilan définitif des nombreuses victimes civiles de la bataille, restées souvent sans sépulture sous les décombres de la ville, Amnesty International mettant en cause l'absence de volonté politique et de transparence de la part de la coalition, dont les Etats membres ne veulent pas reconnaître l'ampleur de la dévastation. D'après l'ONG, il y aurait eu «plusieurs centaines de morts» civils, vraisemblablement près de 2 000. «Ceux qui sont restés sont morts et ceux qui ont essayé de s'enfuir sont morts aussi. Nous étions piégés», témoigne Munira Hashish, un habitante. Washington, qui conteste ces chiffres, a de son côté toujours assuré avoir fait «aussi attention que possible» dans son intervention, selon le général Stephen Townsend, cité dans le rapport. Et le secrétaire à la Défense James Mattis de soutenir que la population locale saura d'ailleurs lui en tenir rigueur : «Nous sommes les gentils, et les innocents sur le champ de bataille savent la différence». Ancienne capitale de facto de Daech dans le nord-syrien, Raqqa a été conquise en octobre 2017 par une coalition de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington. Une libération qui s'est faite au prix de «bombardements barbares», selon Moscou, qui a comparé son sort à celui de la ville allemande de Dresde en 1945, rasée par les bombardements américains et britanniques sans discernement pour les vies civiles. La coalition internationale dirigée par Washington ne cible pas Daech, mais les civils, avaient dénoncé Moscou et Damas. Amnesty International accuse également la coalition internationale de perpétrer des crimes de guerre. Les tribus contre les militaires américains Plusieurs dirigeants des tribus syriennes ont fait part de leur opposition à la présence des forces étrangères en Syrie. Lors d'une réunion dans la ville d'Alep, les dirigeants de plus de 70 tribus syriennes ont fait part de la création d(unités de la résistance tribales pour faire front aux forces d'occupation sur le territoire. «Nous sommes réunis aujourd'hui ici pour faire face à toute agression, qu'elle provienne des Etats-Unis, de Turquie ou de leurs alliés», a souligné l'un des participants en marge de la réunion. Les tribus syriennes ont réaffirmé leur engagement envers le gouvernement de Damas et annoncé la formation d'unités de mobilisation populaire pour combattre les envahisseurs. Toutes les tribus réaffirment leur engagement envers le gouvernement de Damas et annoncent leur volonté ferme pour combattre les envahisseurs, a-t-il affirmé. Un des autres participants a déclaré au journaliste de Tasnim que les membres des nomades et des tribus syriens s'opposaient à toute présence des forces turques, américaines et d'autres forces étrangères qui étaient cantonnées sur le territoire syrien sans l'aval du gouvernement. De même, les dirigeants des tribus ont réexprimé leur solidarité avec le gouvernement syrien, en affirmant qu'ils se mobiliseraient contre une éventuelle guerre mondiale contre leur pays. Ils ont par ailleurs réaffirmé leur soutien au président Bachar al-Assad. Ils ont également remercié l'Iran, le Hezbollah et la Russie pour leurs soutiens au gouvernement syrien lors des 7 années de guerre.