La réouverture du dossier de l'assassinat de Matoub Lounès a été une nouvelle fois remise sur la table hier par la famille du défunt, et ce, suite à la dernière sortie médiatique du chanteur kabyle Zedek Mouloud, dans laquelle il a témoigné sur la mort du Rebelle en affirmant qu'il était passé par les lieux 10 minutes après la fusillade et il a ramassé une douille d'une arme. Un témoignage capital qui devra être exploité par la justice pour donner des éclaircissements et une meilleure lisibilité sur ce dossier de la mort de Matoub, a affirmé la présidente de la Fondation Matoub Lounès, Malika Matoub, lors d'une conférence de presse organisée, hier, au niveau de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, consacrée à la présentation du programme des festivités pour la commémoration du 20e anniversaire de l'assassinat de Lounès qui a eu lieu le 25 juin 1998 à Tala Bounane. «Nous comptons sur le témoignage de Zedek, puisque c'est un chanteur de la même région que celle qui a enfanté Lounès. Nous attendons dignement le témoignage de Zedek». «L'impunité nourrit les glissements» D'ailleurs, elle a interpellé les instances judiciaires du pays afin de se pencher sur ce dossier et de convoquer Zedek Mouloud pour témoigner sur cette affaire. Ses déclarations constituent selon elle «une nouvelle piste» et un élément à verser dans le dossier de l'enquête. «On ne joue avec ce genre d'affaire», a-t-elle insisté. Malika Matoub a mis en exergue la nécessité d'établir une étude balistique et la reconstitution des faits de l'assassinat. Dans le même contexte, la présidente de la Fondation qui porte le nom du Rebelle a précisé que l'absence de lisibilité sur l'affaire de Matoub a nourri beaucoup de glissements, puisque, rajoute-t-elle, il y a eu une gestion politique et médiatique de cette affaire. «Il faut savoir qu'il pourrait y avoir des glissements sur cette affaire et c'est cela les conséquences de l'impunité. La justice devra assumer ses responsabilités». En outre, elle s'est montrée optimiste quant au triomphe de la vérité dans cette affaire. «Qui pouvait dire que Tamazight serait langue officielle et nationale ? Alors je garde espoir que la vérité peut éclater même après 60 ans». Interrogée si la mort de Matoub Lounès était un acte politique ou bien terroriste, la même conférencière a répondu : «Tout acte de violence est terroriste. Mais je dirai que la mort de mon frère est un crime politique sachant que l'Algérie était un panier à crabes en 1998». Ceci tout en appelant l'ensemble des acteurs de la société (hommes de culture, société civile, les fans du défunt) à contribuer à éclaircir la question de son assassinat. Par ailleurs, la même interlocutrice a rendu public le programme prévu pour le 20e anniversaire de l'assassinat du chanteur dans son village natal de Taourirt Moussa à Beni-Douala. Des recueillements sur le lieu de son assassinat et sur sa tombe sont au rendez-vous. Des galas artistiques et un concert inédit que Matoub a animé en 1995 au Zénith de Paris sera diffusé.