L'espoir de voir le blogueur Merzoug Touati libéré, du moins à court terme, comme souhaité par les nombreux acteurs locaux de la société civile, a fondu comme neige au soleil à la lecture du verdict par le président du tribunal de Béjaïa siégeant en appel. Merzoug Touati a, en effet, été condamné jeudi au terme d'un procès qui a duré toute la journée, à sept ans de réclusion criminelle. Dans la salle bondée de monde, c'est la consternation. La défense renforcée pour la circonstance par un ténor du barreau en la personne de Me Mokrane Ait Larbi, a axé toute la plaidoirie sur l'innocence de son client, mais rien n'y fit. Le procureur de la république est catégorique : il y a bel et bien intelligence avec une puissance étrangère. Aussi a-t-il requis la prison à vie, comme il l'a déjà fait lors du procès en première instance. «C'est un procès indigne même des années de plomb», a commenté Me Ait Larbi à l'annonce du verdict. Les représentants de la Laddh ont été surpris également par le verdict qualifié par Said Salhi, vice-président de cette ligue, de très lourd par rapport au dossier. «Nous nous attendions franchement à une peine légère et à une libération du jeune blogueur à court terme, vu qu'il a déjà passé une année et demie derrière les barreaux», nous dira Said Salhi. Le vice-président de la Laddh n'écarte pas un recours auprès de la cour suprême, en concertation avec la famille du jeune blogueur. Dans la matinée, des centaines de citoyens qui ont répondu à l'appel du comité pour la libération de Merzoug Touati pour un rassemblement devant le tribunal de Béjaïa ont été chassés par des policiers en civil présents en force aux alentours du palais de justice. Devant l'intransigeance des protestataires dont le nombre devenait important, un renfort de policiers en civil et d'éléments de la BRI ont dispersé par la force le sit-in. Plusieurs manifestants, dont des élus, ont été arrêtés et conduits vers quelques commissariats de la ville où ils ont été entendus sur leur présence à ce rassemblement, avant qu'ils ne soient remis en liberté quelques heures plus tard.