La cheffe de la délégation algérienne à Tarragone et ancienne championne du monde et olympique du 1500 mètres, Hassiba Boulmerka, dresse un premier bilan sur la participation algérienne durant les premiers jours des Jeux Méditerranéens. Comment évaluez-vous la participation algérienne lors des cinq premières journées des Jeux Méditerranéens de Tarragone ? S'il y a lieu de faire maintenant un bilan, je pense qu'il est positif. On aurait même pu faire mieux sans ces problèmes d'ordre organisationnels qui ont perturbé nos athlètes à la veille de leur arrivée ici à Tarragone, notamment celui lié aux visas, sans parler également des conditions de séjour qui laissent à désirer. D'ailleurs, on n'est pas les seuls à nous en plaindre. Même les autres délégations sont déçues. J'ai déjà vécu les JO de Barcelone en 1992, c'était déjà impressionnant. Mais là, c'est une déception. On ne dirait pas qu'on est dans le même pays. Dieu merci, nous avons des athlètes qui s'adaptent à ce genre de situation. Ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Certains ont même réussi à obtenir des médailles d'or, à l'image de Sahnoune et Daïkhi qui doivent servir de modèle à tous les athlètes algériens. Vous attendiez-vous à une telle moisson de médailles ? Je suis de nature optimiste et j'ai toujours fait confiance à nos athlètes. Nous avons un potentiel important qui doit être exploité. Je pense qu'avec plus de moyens, nous aurions pu avoir plusieurs champions dans chaque discipline. En principe, dès qu'il y a un athlète qui se distingue dans des compétitions internationales, il faut les prendre mieux en charge, à l'exemple du nageur Oussama Sahnoun, des karatékas Daikhi et Bouaboub ainsi que nos lutteurs qui ont encore devant eux une grosse marge de progression. La déception vient peut-être des sports collectifs dont les résultats pour le moment sont en deçà des attentes ? Tous les sports en Algérie ont leurs problèmes, notamment ces derniers temps. L'ancien responsable du secteur et son bureau n'ont rien fait pour accompagner nos athlètes dans leur préparation pour ces JM, et les conflits inter-fédérations ont pesé lourdement sur leur rendement. Il n'empêche que les médailles d'or obtenues par Oussama Sahnoune et Hocine Daikhi ont fait quelque peu oublier les déboires du sport algérien... Ceci démontre justement qu'en dépit de tous les problèmes qu'il endure, l'athlète algérien peut se surpasser. Mais ces médailles ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt. Beaucoup reste encore à faire pour sortir notre sport de son marasme. La chose la plus positive dans la participation algérienne à ces Jeux Méditerranéens est la moyenne d'âge très basse dans chaque discipline. C'est l'idéal pour préparer les futures échéances internationales, n'est-ce pas ? Absolument. C'est un très bon investissement pour le sport algérien. Il y a un potentiel énorme à exploiter au sein de ces jeunes athlètes dans toutes les disciplines, à l'image de l'escrime, du tir à l'arc, de l'athlétisme, la boxe et même du volley-ball où nous avons une très jeune équipe féminine qu'on prépare pour les JO de 2022. J'espère que tous ces espoirs seront bien pris en charge par les pouvoirs publics pour faire d'eux les champions de demain. Entretien réalisé par notre