L'Algérie aura prochainement sa première Association nationale de logistique. L'annonce a été faite par Abdellah Seriai, le président de la Commission transport et logistique du Forum des chefs des entreprises (FCE), lors d'une journée d'information sur la problématique de la logistique en Algérie. Ouverte aux opérateurs spécialisés, qu'ils soient membres du FCE ou pas, l'association en question aura pour objectif d'organiser le secteur afin de baisser les coûts très élevés de la logistique que pratiquent actuellement les armateurs étrangers, mais aussi faciliter les opérations d'exportation des produits hors hydrocarbures. «Il n'y a pas d'études pour connaître le poids de la logistique en Algérie», a indiqué Seriai lors de cette rencontre organisée à l'hôtel El Aurassi à Alger tout en soulignant l'indispensabilité d'une intervention de l'Etat pour permettre aux entreprises activant dans le domaine d'aller vers plus compétitives. Et d'ajouter dans une déclaration à la presse en marge de cette journée : "les navires viennent décharger les marchandises, puis repartent vides du fait qu'il n'y a pas d'exportation". Présent également à la rencontre, le président de l'Association nationale des exportateurs algérien (Anexal) a reconnu que l'absence d'une logistique organisée est l'une des principales entraves qui retardent le décollage des exportations algériennes. Dans ce sens, il a insisté sur la modernisation des infrastructures, tels que les ports, pour mettre de l'ordre dans le secteur, et ainsi booster les exportations hors hydrocarbures. «La logistique est le point faible. Car un exportateur, souhaitant notamment expédier une cargaison de produits agricoles qui demande un containeur, doit attendre entre 10 et 15 jours», a-t-il commenté. «Les entreprises qui disposent de conteneurs n'envisagent pas d'exporter mais d'importer», s'est-il désolé. Pour sa part, Abdelkrim Rezal, directeur de la Marine marchande et des Ports auprès du ministère des Transports, a dressé un état des lieux sur le transport maritime depuis et vers l'Algérie. Reconnaissant une forte diminution de la flotte algérienne de 1980 à nous jour le responsable appelé à la mobilisation «des capacités nationales pour faire face à la demande». «Il faut reconquérir les marchés perdus», a-t-il plaidé. Outre la diminution de la flotte nationale touchée par l'obsolescence de ses navires, l'Algérie ne dispose toujours, selon lui, d'un cadre juridique régissant le domaine de la logistique, ni d'une stratégie à long terme. «Il faut une loi pour la logistique», a-t-il lâché. Malgré ce fait, l'ouverture du fret aérien et maritime à l'investissement privé semble donner espoir pour lancer ce secteur vital pour l'exportation. En effet, d'après Rezal, une dizaine d'opérateurs algériens privés ont déposé des dossiers auprès du ministère des Transports pour investir dans le fret maritime. Pour l'heure, l'Algérie continue à payer un coût exorbitant estimé entre 4 à 5 milliards de dollars annuellement, du fait des transferts de devises vers les armateurs étranger, a affirmé le président de l'Anexal. Soit, un coût 20% plus cher d'un fret assuré par des entreprises locales.