À la veille du 56e anniversaire des fêtes de l'indépendance et de la Jeunesse, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé que l'Algérie, avec sa révolution, dérange, par son poids, ses décisions et ses positions. Il estimera toutefois dans un entretien accordé hier à l'APS que la meilleure réponse à donner à ceux qui veulent porter atteinte aux symboles de la révolution est d'«écrire l'histoire nationale, de s'en enorgueillir, de la promouvoir et de l'enseigner aux générations montantes». Il a aussi précisé que les tentatives visant à porter atteinte aux symboles de la révolution et son histoire n'étaient que des actes «individuels et isolés». M. Zitouni a appelé à accorder une attention particulière à «l'histoire de la révolution nationale et à transmettre aux générations de l'indépendance les hauts faits des moudjahidine et le message des chouhada pour une Algérie unie et solidaire». «Il faut regarder le passé avec les perspectives de l'avenir», a-t-il estimé. Dans ce sens, le ministre a mis en avant les efforts consentis par le ministère des Moudjahidine pour la préservation de la mémoire, citant 44 musées dotés de bibliothèques, de salles d'internet, d'autres salles réservées à la projection de films et de documentaires et des espaces pour l'enregistrement des témoignages, outre des horaires d'ouverture des musées adaptées pour les rendre accessibles à toutes les catégories (élèves, étudiants, chercheurs et visiteurs). Le nombre des visiteurs des musées nationaux a atteint, en 2017, un million (1) de visiteurs, ce qui est à même d'encourager la poursuite de l'action visant à valoriser ces espaces et répondre aux exigences des visiteurs quant à la matière historique et aux témoignages qui enrichissent la culture et informent les visiteurs, a-t-il souligné. Dans ce contexte, M. Zitouni a annoncé que son département avait procédé à la remise de tous les ouvrages réalisés sur l'histoire du mouvement national et de la révolution aux établissements éducatifs, aux universités, aux musées et aux bibliothèques municipales et ceux des daïras et des wilayas, outre la distribution de 1,5 million d'exemplaires de la Déclaration du 1er novembre et d'un nombre important de drapeaux nationaux aux établissements de jeunesse, d'éducation et d'autres. Concernant la réhabilitation des symboles matériels de la révolution du 1er novembre, le ministre des moudjahidine a indiqué que son département «a recensé 1273 cimetières de martyrs ayant été réhabilités, en collaboration avec les autorités locales, 1449 centres où la France coloniale torturait les moudjahidine durant la guerre de libération nationale, dont certains ont été réhabilités pour témoigner des crimes de l'occupation française en Algérie, et 3487 monuments historiques (dont des grottes) utilisés à l'époque par les moudjahidine comme hôpitaux et lieux de rencontres des dirigeants de la révolution. 16 000 heures de témoignages enregistrées Dans le cadre de la préservation de la mémoire, 16.000 heures de témoignages vivants de moudjahidine ont été enregistrées sur la révolution du 1er novembre et l'opération se poursuit, a rappelé M. Zitouni, soulignant que des espaces ont été réservés à cet effet au niveau des wilayas en vue de collecter ces témoignages, y compris dans les 25 centres de repos destinés aux moudjahidine. Il a précisé dans ce contexte que le fichier des moudjahidine et ayants droit «ne concerne pas les Algériens uniquement, mais également les étrangers y compris les français qui ont participé à la révolution dont les chouhada condamnés à mort et ceux qui ont aidé l'Algérie par leurs plumes et écrits. M. Zitouni a mis l'accent sur l'intérêt accordé par l'Algérie à l'histoire de sa révolution, consacré dans la Constitution 2016 qui accorde «dans son préambule et certains de ses articles une place importante à la guerre de libération nationale, à sa gloire et à son importance pour les générations montantes». S'agissant des progrès réalisés en matière de restitution des archives de la révolution et du mouvement national, le ministre des Moudjahidine a rappelé que des «documents ont été récupérés de 12 pays frères» durant les deux dernières années, dans le cadre de démarches qui se poursuivent. Pour ce qui est des archives existant en France, M. Zitouni a fait savoir qu'il y avait un «progrès dans ce sens» et dans toutes les questions liées à la mémoire collective telles que les disparus et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le sud du pays, soutenant que l'opération était compliquée et nécessitait des efforts et de la persévérance. Concernant les crânes des chouhada de la résistance nationale qui se trouvent en France, le ministre a fait savoir que le nombre n'est pas défini de manière exhaustive, puisque 31 crânes seulement ont été identifiés jusqu'à présent. A ce propos, il a été convenu avec la partie française de la création de commissions techniques composées de spécialistes chargés du parachèvement de l'opération en France, a indiqué M. Zitouni qui a rappelé l'existence d'une commission algérienne en charge de cette question composée de représentants des ministères des Affaires étrangères, de l'Enseignement supérieur, des Moudjahidine et autres institutions. A une question sur le traitement des dossiers gelés des moudjahidine, le premier responsable du secteur a précisé que la question relative à la reconnaissance de la qualité de moudjahid a été suspendue, sur décision du Congrès national des moudjahidine, soulignant qu'il existait des dossiers au niveau du ministère depuis près de 15 ans. L'enquête approfondie menée dans ce sens a démontré, selon le ministre, que certains dossiers méritent d'être dégelés et réhabilités.