Chaque été, les régions du Sud enregistrent des pics de température dépassant souvent les 48°. Ces hausses importantes du mercure ont pour conséquence une consommation très importante en énergie électrique. Au vu du fort potentiel solaire dont dispose le pays, il est urgent pour l'Algérie de dépasser la phase expérimentale dans le développement des énergies nouvelles et renouvelables et passer à la phase de concrétisation. La semaine dernière la météo n'a pas été clémente pour les régions du sud de l'Algérie, et cette situation va se poursuivre puisque l'Office national de météorologie (ONM) a émis hier un Bulletin météo spécial alertant les populations de Ghardaïa, Tindouf, Ouargla, Adrar et Tamanrasset quant aux comportements à adopter dans ces situations-là. Suite à cette hausse du mercure, les citoyens de ces régions n'ont d'autre choix que de recourir à l'utilisation de la climatisation. Hier, des records historiques de consommation d'énergie électrique, atteignant le pic de 262 MVA sur une puissance de 320 MVA, ont été enregistrés dans la wilaya de Ghardaïa, a rapporté l'agence APS. Il en est de même à El Ménéa, où la température a dépassé hier les 54°, induisant une consommation d'énergie électrique de 44 mégawatts/heure (MGH). Il faut signaler que les populations de ces régions se plaignent chaque année des factures d'électricité aux sommes vertigineuses difficiles à régler, bien que l'Etat en subventionne une partie. Cependant, cette subvention est menacée, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a affirmé le 3 juin dernier que le gouvernement est dans l'incapacité de continuer sur cette voie, vu l'importance des charges financières – induites par les subventions des produits énergétiques – qui impactent le Trésor public à hauteur de 80% environ. Afin de régler une fois pour toutes l'équation de subvention des factures d'électricité et la forte consommation d'électricité durant les chaudes et longues périodes de l'été au Sud du pays entre autres, le gouvernement évoque régulièrement le lancement de projets d'électricité de sources renouvelables. Des projets qui tardent à voir le jour ou qui sont au stade expérimental, comme l'avait souligné en février dernier Nachida Kasbadji Marzouk, la directrice de recherche auprès du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). L'Algérie à la 18e place «L'Algérie est appelée à dépasser la phase expérimentale et s'engager véritablement dans le développement des énergies nouvelles et renouvelables (EnR), tout en impliquant les secteurs de l'industrie, des transports et de l'habitat dans la promotion de ces énergies vertes», a insisté la directrice de recherche auprès du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). Pour Nachida Kasbadji Marzouk, «l'Algérie accuse un énorme retard dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables, et ce, en dépit du lancement d'un programme dédié à leur développement», soulignant que «l'Algérie est classée aujourd'hui à la 18e place à l'échelle africaine en matière de capacités installées». Il y a quelques semaines, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a déclaré que le méga projet de 4000 MW d'électricité de sources renouvelables se fera avec des moyens et équipements locaux. «Nous avons décidé d'installer 4.000 MW d'électricité de sources renouvelables, pour 8 milliards de dollars, et ce, avec nos moyens et capacités et non pas avec des équipements importés», a affirmé à l'APS le ministre de l'Energie. Selon M. Guitouni, l'Algérie est aujourd'hui déterminée à asseoir une industrie dédiée aux énergies nouvelles et renouvelables. Cette industrie impliquera-telle les banques qui devraient pour leur part encourager l'investissement dans ce domaine, en accordant des prêts et des avantages particuliers, comme l'avait souligné Mme Kasbadji Marzouk, mais surtout en encourageant la création de petites et moyennes entreprises devant accompagner les investissements consistants lancés dans ce domaine. Aussi, le ministère de l'Energie procédera vers la fin de l'année au lancement d'appels d'offres internationaux pour la réalisation des projets de production de 150 mégawatts en énergie solaire. La viabilité de ce méga projet dépendra surtout du volet maintenance des installations. «Il faut dès maintenant penser à la maintenance des installations réalisées, d'où l'impératif d'encourager la sous-traitance dans ce domaine», a insisté Mme Kasbadji Marzouk. Bien que l'Algérie compte l'un des trois plus grands gisements d'énergie solaire dans le monde avec celui de l'Iran et de l'Arizona aux Etats-Unis, la production nationale de panneaux photovoltaïques se situait à peine entre 100 et 150 méga watts, à la fin de l'année 2017. Pour rappel, en 2009 avait été lancée l'idée du projet Desertec, avec un parc solaire et éolien dans toute la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient connecté à l'Europe, dont le coût global était estimé à 400 milliards d'euros. Ce projet n'a jamais pu voir le jour, selon des spécialistes, entre autres à cause des coûts trop importants de sa réalisation.