Les forces de l'ordre et de l'armée égyptiennes étaient déployées en force vendredi au Caire avant une manifestation prévue de la confrérie musulmane et menaient des perquisitions à Kerdassa, fief islamiste proche de Guizeh, théâtre la veille de combats. La confrérie a appelé à de nouvelles manifestations après la prière du vendredi, promettant "un million" de manifestants alors que les défilés des partisans du président déchu Mohamed Morsi se font de plus en plus épars du fait de la répression et de l'arrestation de la quasi-totalité de leurs leaders. Cet appel à manifester intervient à la veille de la rentrée scolaire et universitaire demain samedi. Un assaut des forces de l'ordre sur Kerdassa, proche des Pyramides de Guizeh, s'est soldé par la mort du général Nabil Farrag, chef adjoint de la police de la province de Guizeh, alors que les tirs nourris et les combats qui avaient duré jusque tard jeudi avaient cessé, selon la télévision d'Etat. La chaîne a montré des habitants revenant dans les rues, affirmant que des magasins avaient rouvert, tandis que des policiers poursuivaient leur traque, avec 140 personnes officiellement recherchées, selon un responsable de la sécurité. Le ministère de l'Intérieur a affirmé que 68 personnes avaient été arrêtées jeudi, dont plusieurs suspectées d'être liées à l'attaque contre un commissariat qui avait fait 11 morts le 14 août. Les médias, quasi-unanimement acquis à la cause de l'armée, dénoncent régulièrement le "terrorisme" des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, qui assurent, eux, que leurs manifestations sont pacifiques. Vendredi, ils saluaient la "libération" de Kerdassa, à l'image du quotidien gouvernemental Al-Goumhouria, qui titrait "Kerdassa libérée du terrorisme", tandis que le journal privé Al-Chourouq affirmait "L'Etat est de retour, le terrorisme recule". Le journal des Frères musulmans, al-Houriya wal Adala, voyait dans l'assaut contre Kerdassa une "déclaration de guerre contre les Egyptiens" alors que les pro-Morsi appellent à de nouvelles manifestations vendredi contre le "coup d'Etat militaire" qui a renversé selon eux M. Morsi. Les autorités ont annoncé que les funérailles du général de la police se tiendraient à l'issue de la prière du vendredi, à la mi-journée. Signe que la tension est à son comble dans le pays, où les attaques se sont récemment multipliées, allant jusqu'à viser le ministre de l'Intérieur, le trafic dans le métro a été interrompu durant une heure après une alerte à la bombe. Mais les deux engins explosifs découverts étaient en réalité des "faux", posés dans le but de faire croire à la présence de bombes dans ce réseau fréquenté chaque jour par quelque trois millions de passagers, selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Depuis le 14 août, l'état d'urgence —dont la levée avait été un des acquis de la révolte populaire de 2011— a été réinstauré pour trois mois, de même qu'un couvre-feu nocturne imposé dans 14 des 27 provinces. Ce couvre-feu sera allégé à partir de samedi, selon le gouvernement, et ne s'appliquera plus que de minuit à 05H00, soit deux heures de moins qu'auparavant. Dans le Nord-Sinaï, où les attaques contre les forces de l'ordre se sont multipliées depuis la destitution de M. Morsi, un responsable de la sécurité a affirmé que deux hauts dirigeants de la Salafiya Gehadiya, l'un des plus importants groupes armés agissant dans la péninsule, avaient été arrêtés. Le nouveau pouvoir a promis une nouvelle Constitution et des élections législatives et présidentielles pour début 2014. M. Morsi, premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte, a été destitué après que des millions d'Egyptiens eurent manifesté pour réclamer son départ, lui reprochant d'avoir accaparé le pouvoir au profit des Frères musulmans et d'avoir achevé une économie déjà exsangue. Le gouvernement installé par le chef de l'armée et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, a juré d'éradiquer le "terrorisme" qu'il attribue aux partisans de M. Morsi, destitué et arrêté le 3 juillet par les militaires, et à sa confrérie des Frères musulmans. Lundi déjà, l'armée avait repris sans faire de victimes le contrôle de Delga, une ville de 120.000 habitants dans le centre de l'Egypte, tenue depuis un mois par des pro-Morsi que les autorités accusaient d'avoir brûlé des églises. Des centaines de manifestants réclamant le retour de M. Morsi ont été tués dans la répression en août, de même que des dizaines de policiers et de soldats dans les heurts et les attaques. Plus de 2.000 membres des Frères musulmans ont été en outre arrêtés dont la quasi-totalité de leurs chefs. M. Morsi, premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte, a été destitué après que des millions d'Egyptiens ont manifesté pour réclamer son départ, lui reprochant d'avoir accaparé le pouvoir au profit des Frères musulmans et d'avoir achevé une économie déjà exsangue.