Il y a trente ans, la Casbah, Alger et toute l'Algérie perdaient un des plus grands maîtres de la miniature Mohamed Temmam. Le 15 juillet 1988, Mohammed Temmam nous quittait après avoir passé toute sa vie à dessiner. L'artiste était parmi les plus grands maîtres de la miniature algérienne. Il était de la lignée des frères Racim et Bendebbagh. Temmam qui aurait fêté cette année son centenaire est né le 23 février 1915 à la Casbah d'Alger. Il est né pour être un artiste multiple. Même si ses œuvres en miniature font de lui, l'un des plus grands spécialistes de ce genre, Temmam est considéré comme un artiste complet dans les arts plastique d'abord puisqu'il maîtrise les autres styles mais aussi parce qu'il a pratiqué la musique notamment durant sa jeunesse. Pour les arts plastiques, l'artiste qui préférait s'exprimer à travers la miniature et l'enluminure, s'adonnait également à la peinture à l'huile et réalisait de très jolies toiles. Artiste multiple Il dessinait aussi bien les paysages que les portraits. Si ce n'était cette attirance vers la peinture, Temmam aurait pu devenir un grand violoniste ou banjoïste puisqu'il est passé par les prestigieuses écoles El Moutribya et El Mossilia. D'ailleurs, en France, il avait fait partie, à la fin des années 1930, de l'orchestre de son épouse, la chanteuse Bahia Farah. Après l'école primaire, le petit Mohamed qui avait déjà prouvé ses dons d'artiste dans son entourage familial et son voisinage se verra inscrire par ses parents dans une école d'arts traditionnels située à la rue des Consuls à la basse Casbah. Il s'initiera à la céramique auprès du maître artisan Emile Soupireau. Il suivra ces cours en parallèle à sa scolarité. Le jeune artiste qui brillera par son talent verra ses professeurs le féliciter régulièrement avant qu'ils ne décident de lui octroyer une bourse à l'école des arts décoratifs de Paris en 1936 alors qu'il était âgé de 21 ans. Au niveau de cette grande école, il approfondira ses connaissances dans le domaine des arts plastiques et tout en continuant à pratiquer la miniature. Mohamed Temmam passera trente années dans la capitale française à travers lesquelles il fera connaissance à la fois avec tous les styles classiques. Il connaîtra dans cette ville le monde de la peinture et les expositions. Il visitera durant ces longues années plusieurs villes d'Europe à la recherche de nouvelles connaissances dans le monde de l'art. Lors d'un voyage à Alger en 1937, il profitera pour exposer pour la première fois ses oeuvres en Algérie. Des le début de la 2e guerre mondiale, il se retrouvera comme prisonnier pour trois années. A sa libération, il reprendra ses activités artistiques à travers plusieurs expositions en France dont une réservée aux enlumineurs et miniaturistes. A l'invitation de son ami et ancien voisin de la Casbah, il exposera ses tableaux pour la première fois, en 1946, dans les pays scandinaves. Après des dizaines d'expositions à travers l'Europe, Mohammed Temmam décidera de rentrer définitivement en 1963 en Algérie où il se verra proposer le poste de conservateur du Musée national des antiquités d'Alger où il passera plus d'une vingtaine d'années. En 1964, il organise la première exposition de arts musulmans à la salle Ibn Khaldoun. Membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques, il enseignera en parallèle à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger. Durant toute cette période, il est appelé à réaliser les dessins de plusieurs timbres postes. Retrait en douceur Il faut noter que Mohamed Temmam n'a jamais cessé d'aimer la musique andalouse et, à certaines occasions, il ne se privait pas à jouer au violon pour ses meilleurs amis et proches. Touché en 1985, par le décès de son épouse Bahia Farah, qui fut une grande chanteuse dans les années 1930- 1940, l'artiste ne se remettra pas de cette disparition. Il continuera tout de même à dessiner, mais évitera les expositions. La maladie fut aussi un motif pour le retrait du grand miniaturiste qui décédera le 15 juillet 1988. Avec une carrière aussi riche, Temmam a gravé son nom avec de si belles lettres dans l'histoire de la peinture algérienne.