Jusqu'au 23 janvier, le Musée national des Beaux-Arts, fait (re) découvrir le parcours et l'œuvre de Mohamed Temmam. Celui qui aurait eu cent ans cette année est l'un des noms emblématiques de la peinture algérienne. Excellant surtout dans l'art de la miniature et de l'enluminure, il était connu aussi pour avoir dessiné des motifs sur des timbres postaux en s'inspirant des objets d'art traditionnel ou du patrimoine. L'exposition dévoile aussi, en matière d'art musulman, ses illustrations de disques du grand artiste égyptien Mohamed Abdelawahab ou sa calligraphie de la sourate « El Koursi ». L'artiste, qui, en 1936 à Paris, poursuit des études à l'Ecole supérieure des arts décoratifs, a fréquenté assidument le milieu artistique nord-africain et arabe. Musicien lui-même, il était un familier du cabaret « Le Tam-Tam » appartenant au père d'Ouarda El Djazairia. Il en avait dessiné les fresques murales. Il épousera d'ailleurs, en secondes noces, la chanteuse kabyle Bahia Farrah. Est-ce l'homme qui lui inspira « Amiss El Qasbah » (le fils de La Casbah ?). Des photos nous le montrent à différentes étapes de sa vie. Elève à La Casbah, prisonnier dans un camp nazi en Allemagne ou en compagnie d'artistes et d'amis du temps où il était conservateur au Musée des antiquités jusqu'à son décès en juillet 1988. Des coupures de presse, des documents personnels relatifs à ses études, ses prix et distinctions restituent une œuvre multiforme et le contexte qui lui a donné naissance et force. Elle s'enracine dans le terreau de La Casbah dont il restitue avec raffinement dans l'ombre de ses maîtres, les frères Racim, avec les peintres Ali Khodja ou Bendebagh les fastes décatis et les palpitations de vie. On peut ainsi revoir « Toilette de la mariée », « Rosace » ou « Le jardin extérieur ». Mohamed Temmam n'est pas un inconnu. Il a trouvé même place dans les livres scolaires (cf texte en arabe destiné à la 4e AM). Il était très visible sur la scène artistique après son retour au pays au lendemain de l'indépendance. Mais une exposition n'est pas un simple rendez-vous mémoriel à honorer. Permettre depuis quelques jours aux visiteurs d'admirer quelques tableaux détenus par le musée, dont des peintures (natures mortes) qui datent des premiers temps de son séjour parisien et quelques modèles du miniaturiste ne suffit pas. Elle nécessite une conception plus vivante, se déclinant en d'autres activités plus attractives pour les jeunes surtout. Même les catalogues qui accompagnent l'événement sont quelque peu datés. Il s'agit d'une revue du musée qui date de 1990. Le numéro 4 fut dédié à Temmam qui écrivit alors Ameziane Ferhani était « un homme de son siècle, tout en puisant dans la tradition ». On peut aussi acquérir un beau livre sur l'artiste édité en 2007. Perpétuer régulièrement son œuvre comme le fait le Musée c'est bien. Insuffler à celle-ci davantage de vie, un souffle de jeunesse serait encore mieux.