La commune d'Agouni Gueghrane dans la daïra de Ouadhias (à une trentaine de kilomètres au sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou) s'apprête à célébrer le centenaire de la naissance de son illustre enfant, le grand chanteur, musicien poète et auteur-compositeur, le feu Slimane Azem. Pour cela, un riche programme a été prévu au niveau de l'ensemble des communes de la wilaya, mais aussi au niveau des wilayas limitrophes à savoir : Bouira, Béjaïa et Alger. Une initiative qui a été prise à l'issue d'une réunion de travail qui a regroupé les présidents des assemblées populaires communales (P/APC) au niveau du siège de l'APC de Agouni Gueghrane, la commune natale de ce chanteur célèbre.1918-2018 : Cent ans déjà passés de la naissance de Slimane Azem, ce chanteur de l'expression kabyle qui a tant donné pour la promotion de la langue amazigh et qui a combattu le colonialisme français avec ses œuvres artistiques, notamment dans sa chanson intitulée «Effegh ayajrad tamurtiw» (Criquet, quittez mon pays) revient parmi les siens. Pour cela, l'ensemble des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou vivront, une année durant, au rythme de cette manifestation pour rendre un vibrant hommage à Da Slimane Azem et ce, en reconnaissance à son parcours patriotique et exceptionnel qu'a mené tout au long de sa carrière artistique. Une décision qui a été initiée par l'APC de Agouni Gueghrane qui se souvient de son enfant prodige. La célébration du centenaire de ce chanteur sera lancée par la tenue d'une semaine culturelle au niveau de la localité natale de da Slimane et qui sera suivie par des initiatives similaires qui devront sillonner les autres communes de la région. Des œuvres éternelles Pour rappel, Slimane Azem est né le 25 août 2018 à Agouni Gueghrane, un petit village situé sur les contreforts des monts du Djurdjura (Kabylie). Rien ne prédestinait ce fils d'un modeste cultivateur à un parcours musical. Ecolier plutôt médiocre, il ne se passionne que pour les Fables de la Fontaine qui influenceront tous ses écrits et compositions (interprétation personnelle). En 1940, il est réformé et s'en va à Paris où il est embauché comme aide électricien dans le métro. La capitale le fascine et pourtant le travail est rude. Par la suite, il décroche la gérance d'un café dans le 15e arrondissement. Il en profite pour y interpréter ses premières compositions. Remarqué et encouragé par Mohamed el Kamel, ancien de l'ensemble Bachtarzi (du nom de celui qui avait été surnommé le «Caruso d'Alger»), il persévère dans le chant. Slimane enregistre enfin son premier disque avec le morceau «A Muh a Muh». Traitant du mal du pays, ses disques s'arracheront chez Madame Sauviat, l'unique disquaire qui vend à cette époque des albums d'artistes maghrébins et orientaux. Au cours des années 70, il fait des duos comiques avec le cheikh Norredine et chante en français Kabylie, mon beau pays et Carte de résidence. Au fil des enregistrements, Slimane Azem conquiert un large public communautaire grâce à ses textes paraboles où il met en scène des animaux et se pose comme un chanteur engagé politiquement. Parmi les célèbres chansons qu'il a interprétées, on cite : «A Muh A Muh» traite des conditions de vie des immigrés, «gher tekvaylit youli was» (Le Jour se lève sur la langue kabyle) est un hommage au Printemps berbère ou bien «Algérie mon beau pays», cette chanson nostalgique immortelle. Décédé à Moissac en France le 26 janvier 1983 laissant derrière lui, un riche réfectoire de chansons qui demeurent immortelles de générations en générations.