Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a réitéré jeudi à Washington la position de l'Algérie par rapport aux libertés de culte. Dans son intervention au cours des travaux de la Conférence ministérielle sur les libertés religieuses, Messahel a d'abord estimé que celle-ci «intervient dans un contexte international marqué par la montée des intolérances de toutes natures, par la xénophobie, l'islamophobie et un amalgame dévastateur entre la religion musulmane et le fléau du terrorisme». Soulignant que «la religion ne doit pas devenir une ligne de rupture et un espace de confrontation entre les individus et entre les peuples (...)», Messahel a ajouté que la différence ne véhicule pas nécessairement une menace, mais la diversité recèle un grand potentiel d'enrichissement mutuel. La pratique de la foi est une forme importante d'expression de la liberté individuelle et doit le rester en la protégeant contre les logiques et les attitudes d'intolérance et d'exclusion. «Les religions doivent rester des sources de fraternité et de paix, et non pas de haine et de conflits», a-t-il argué, affirmant que l'exercice de la liberté de culte «ne doit en aucun cas servir de prétexte pour porter atteinte à l'ordre, la sécurité et la santé publics, ou à la morale et les libertés et les droits fondamentaux d'autrui». L'Algérie épinglée à maintes reprises par des rapports d'ONG internationales pour restriction aux libertés de culte, a réaffirmé son engagement pour la liberté de conscience et la liberté d'opinion qui sont inviolables, ainsi que le libre exercice du culte garanti dans le respect de la loi, conformément à l'article 42 de la Constitution. Assumant son histoire plusieurs fois millénaire marquée par une diversité culturelle, l'Algérie a instauré des garanties constitutionnelles des libertés de conscience et d'exercice du culte. Pour sa promotion, Messahel propose de mettre en place un environnement institutionnel favorable, reposant sur «le solide socle de la primauté du droit et de l'égalité des droits sans discrimination ou distinction aucune». Messahel a notamment souligné «l'attachement du législateur comme des institutions algériennes chargées de l'application de la loi à veiller à la réunion de toutes les conditions requises pour favoriser les libertés consacrées par la Constitution et les lois de la République». Les lois algériennes, faut-il le signaler, sont conformes dans leur énoncé aux engagements internationaux pris par l'Algérie et à leurs dispositions relatives à l'exercice de la liberté de religion. Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué à ce propos, que «l'exercice du culte, musulman ou autre, se fait dans le cadre de la loi qui est opposable à l'ensemble des citoyens et des religions». Enumérant les vecteurs porteurs de cette démarche pour assoir «durablement la paix, la sécurité, la fraternité et l'égalité entre tous ses citoyens», Messahel a rappelé que «l'Algérie, terre d'Islam, a enfanté Saint Augustin, l'un des plus illustres théologiens de la chrétienté». Il citera également l'humaniste, l'Emir Abdelkader, «qui avait sauvé la vie à des milliers de chrétiens lors de son exil à Damas, et avait été le premier à avoir posé les règles du droit international humanitaire», selon le témoignage du président actuel du CICR. «Les adeptes de la religion judaïque qui ont fui l'inquisition ont trouvé refuge en Algérie», comme en témoigne le mausolée à Tlemcen de l'un des rabbins les plus renommés au monde, régulièrement visités par des ressortissants étrangers de confession juive. Le plan d'action américain Par ailleurs, les Etats-Unis qui s'engageaient à promouvoir la liberté religieuse, prévoient de mettre en place un Plan d'action portant sur la promotion des libertés religieuses dans le monde. Selon le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui s'exprimait lors de la session plénière dédiée à cette réunion ministérielle, a indiqué que ce Plan prévoit «des moyens concrets» pour protéger la liberté de culte et les minorités religieuses vulnérables. Le plan d'action «recommande des moyens concrets par lesquels communauté internationale et les gouvernements peuvent faire plus pour protéger la liberté religieuse et les communautés religieuses vulnérables». Il a annoncé dans la foulée, une aide supplémentaire de 17 millions de dollars pour financer le déminage de la province de Ninive en Irak, où vit une minorité chrétienne irakienne qui a été chassée de ses terres par l'organisation de l'Etat Islamique. De son côté le vice-président américain, Mike Pence, a annoncé deux initiatives portant sur l'établissement d'un programme de soutien aux victimes de génocides et de persécutions et la création d'un fonds international pour la liberté religieuse.