Comme il fallait s'y attendre, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), qui a reçu, hier, au siège de son parti, le président du MSP dans le cadre des consultations que mène ce dernier pour convaincre de son initiative de consensus national, a globalement décliné les éléments sur lesquels repose ce projet. Ahmed Ouyahia n'a pas fait dans la langue de bois, rappelant au chef du parti islamiste les positions du RND, notamment en ce qui concerne certains concepts et surtout le rendez-vous électoral de l'année prochaine. Très attendue donc par les observateurs politiques, cette rencontre n'a finalement pas abouti au rapprochement des idées. Ahmed Ouyahia et Abderrezak Makri n'ont d'ailleurs pas animé un point de presse commun comme l'avait fait Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN lorsqu'il avait reçu la semaine dernière le président du MSP. Devant les médias, Ouyahia a déclaré avoir trouvé avec le chef du parti islamiste «des convergences» sur l'analyse de la situation économique et de ses «difficultés». Il lui a expliqué «la nécessité de réformer les mentalités pour aller vers une économie de marché à bases sociales». Seulement, les points de divergence ont dominé le tête-à-tête, donnant un avant-goût sur l'avenir de la démarche du MSP, rejetée, semble-t-il par la majorité des interlocuteurs auxquels il s'est adressé jusque-là. «Premièrement, il n'y a pas de crise politique en Algérie, un pays où les élections sont organisées chaque cinq ans, pour parler de consensus politique. Deuxièmement, notre candidat pour 2019 reste Abdelaziz Bouteflika et donc il est hors de question d'aller chercher un quelconque candidat de consensus. Troisièmement, au RND, nous considérons l'Armée comme une deuxième institution qui incarne l'unité nationale après la Présidence de la république, c'est pourquoi il ne faut pas l'impliquer dans le débat politique», a résumé le patron du RND. Après cette déclaration, la messe est dite et le débat était presque clos. De ces propos, l'on comprend vite que les trois heures de temps qu'a prises la rencontre étaient difficiles à surmonter en raison des divergences de taille qui séparent les deux partis, voire les deux hommes. Visiblement insatisfait de l'issue, Abderrezak Makri, s'est contenté d'une brève déclaration à la presse. «L'analyse de la situation avec tous ses aspects a été faite. Il y avait convergence sur le plan économique et le constat sur la situation sociale et l'environnement international, mais des avis différents sur le plan politique. On s'est mis d'accord pour laisser les voies du dialogue ouvertes», a-t-il indiqué. Sur la possibilité d'une candidature de l'actuel locataire du Palais d'El Mouradia, Makri a, selon Ouyahia, «soulevé ses difficultés physiques qui ne lui permettent pas de gouverner». Sur sa page facebook, le président du MSP a écrit avoir exposé à Ouyahia son plan pour «un candidat de consensus» issu de l'élection présidentielle de 2019 et une vision réformatrice sur le plan économique et politique avec un gouvernement d'union élargi». Pourtant, pour ne pas fermer les portes de la consultation et du dialogue entre les acteurs de la classe politique, Ahmed Ouyahia a estimé «le fait que des partis aux programmes différents dialoguent entre eux est déjà quelque chose de positif». De l'espoir pour l'initiative de Makri ? Pas forcément car, faut-il l'admettre, après les «réserves» d'Ould Abbès et les mises au point du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, le patron du RND n'a fait qu'aggraver le cas de Makri qui voit son projet partir en éclats.