Une compagne de collecte des peaux de sacrifice de l'Aïd El Adha sera lancée par le ministère de l'Industrie et des mines qui compte collecter près de 800 000 peaux d'animaux sacrifiés à cette occasion. Le ministère de l'Industrie a annoncé hier, dans un communiqué rendu publique, qu'il prévoyait d'animer une vaste campagne de collecte des peaux d'ovins, de bovins et de caprins, issues de l'abattage de ces bêtes durant les deux jours de la célébration de l'Aïd El Adha. L'objectif est de les mettre à la disposition des tanneries chargées de les valoriser et de les utiliser dans l'industrie du cuir. Il faut dire que la filière cuir est identifiée comme une filière à fort potentiel à l'export, d'où l'initiative du ministère de lancer cette collecte de peaux. Selon les prévisions de ce département ministériel, il va être possible de collecter quelque «800.000 peaux sur un total de plus de 4 millions d'animaux sacrifiés durant la fête religieuse». Six wilayas pilotes ont été retenues pour cette première campagne qu'il est prévu d'étendre à d'autres wilayas à partir de l'année prochaine. «Il s'agit des wilayas d'Alger, d'Oran, de Constantine, de Jijel, de Sétif et de Batna», a-t-on précisé. Pour assurer le bon déroulement de l'opération, des sites dédiés à l'abattage des sacrifices et au stockage des peaux seront aménagés dans chacune de ces wilayas en plus des abattoirs qui seront tous mobilisés durant les deux jours de l'Aïd. Par ailleurs, une démarche participative a été adoptée à l'effet de garantir la réussite des activités afférentes à cette opération. De ce fait, le ministère a fait appel à plusieurs acteurs institutionnels, économiques (publics et privés) et relevant de la société civile qui collaborent avec le ministère de l'Industrie et des Mines aux niveaux central et local. Des comités de wilaya, installés par les walis et pilotés par les directeurs de l'Industrie ont entamé les préparatifs de cette campagne, à travers l'identification des sites de collecte et d'entreposage des peaux. Pour pouvoir amasser un maximum de peaux, le ministère compte sur l'implication citoyenne des ménages. De ce fait, le bon déroulement de l'opération dépend essentiellement de la sensibilisation des citoyens quant au rôle qu'ils peuvent jouer dans la promotion de l'économie de leur pays et la protection de leur environnement. Ainsi, des campagnes de sensibilisation au niveau local seront lancées afin d'atteindre les objectifs escomptés à travers une communication de proximité au niveau local, l'affichage dans les mairies et les mosquées, des messages sms et des spots publicitaires dans les télévisions et les radios. Il s'agit là, d'une bonne initiative des pouvoirs publics permettant de mettre fin au gaspillage de cette matière première. En effet, à l'occasion de chaque Aïd El Adha, les mêmes scènes se répètent. 5 millions de dollars jetés à la poubelle Des peaux de mouton jetées dans les poubelles, voire laissées à même le sol. C'est ainsi que quelque millions de peaux (entre 3 et 4 millions de bêtes sont sacrifiées annuellement) se retrouvent hors des circuits de transformation, au moment où l'Algérie importe de l'étranger du cuir fini ou semi-fini à coups de millions en devises. Un gaspillage pour l'économie nationale, et surtout pour le secteur du cuir, déjà en crise. Il est vrai notamment qu'on ne dispose pas de réseaux de collecte et/ou de transformation de ces matières premières (peau et laine) bon marché, voire données gratuitement. A part quelques initiatives éparses dans certaines villes du pays, lancées dans le cadre de l'Ansej ou autres, les citoyens se trouvent encombrés par ces peaux, dont ils ne savent trop quoi faire. La Fédération Nationale des Travailleurs des Textiles et du Cuir qui a salué cette initiative, affirme par le biais de son secrétaire général, Amar Takdjout, que «l'économie Algérienne perdrait à chaque occasion de la fête de l'Aïd Al Adha, près de 5 millions de Dollars (60 milliards de centimes), en se débarrassant des peaux et laines des différents animaux sacrifiés et ce, en plus des centaines de milliers de Dollars perdus tout au long de l'année, en dépit des campagnes de sensibilisation», soulignant qu'«il s'agit d'une matière première commercialisable à l'étranger et rentable». Il dira encore que, pour les peaux des bêtes sacrifiées à l'occasion de l'Aïd, «70% de cette matière peuvent être exportés vers des pays méditerranéens comme le Portugal, l'Italie, qui sont les pays européens les plus importants dans l'industrie du cuir», a-t-il fait savoir.