Encore une fois, l'Armée rappelle à qui veut bien l'entendre qu'elle ne sortira pas du cadre des missions que lui a tracé la Constitution. L'institution militaire demeure attachée à accomplir ses tâches de sécuriser le pays et de défendre son intégrité territoriale, «loin de toute surenchère politique». Une surenchère provoquée ces derniers jours par l'appel d'Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), invitant l'ANP à «accompagner» une période de transition dans le cadre de son initiative pour un consensus national, à la veille de l'élection présidentielle 2019. «L'ANP demeure une institution républicaine qui se consacre à ses missions constitutionnelles représentées par la défense de l'intégrité de la patrie, de sa sécurité et de sa stabilité, loin de tout calcul et autres surenchères politiques», écrit l'éditorialiste de la revue El-Djeich dans son numéro du mois en cours. Cette fin de non recevoir intervient après la mise au point du général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, le 26 juillet dernier, à l'occasion d'une cérémonie en l'honneur des cadets de la nation lauréats du baccalauréat 2018. Ce jour-là, Gaïd Salah avait insisté sur le fait que l'ANP «est une armée qui connaît ses limites, voire le cadre de ses missions constitutionnelles, qui ne peut en aucun cas être mêlée aux enchevêtrements partisans et politiques ou être impliquée dans des conflits qui ne la concernent ni de près ni de loin». Propos que l'éditorial de la revue El-Djeich a bien voulu rappeler intégralement, comme pour signifier la cohérence du discours et couper court à ce qu'il n'y a aucun espoir que cela puisse changer. Et pour l'éditorialiste, les «avancées qualitatives» réalisées ces dernières années par l'armée dans son processus de modernisation et de développement, en s'adaptant aux exigences de la professionnalisation et du renforcement de ses capacités, sont «l'émanation du caractère sacré conféré par les éléments de l'ANP à leurs missions constitutionnelles, de leur profond et indéfectible attachement aux valeurs nationales, et de leur conscience de l'ampleur des défis à relever». L'éditorial de la revue El-Djeich, qui se veut comme le canal officiel à travers lequel l'armée exprime à chaque occasion ses positions a, dans le souci de démontrer l'inutilité des tentatives d'impliquer l'institution militaire dans les débats politiques, fait le lien avec «la conjoncture actuelle». Une conjoncture, notamment sur le plan sécuritaire qui, peut-on lire dans le texte, «requiert la conjugaison des efforts de tous afin de favoriser le climat nécessaire, encourageant l'ANP à s'acquitter de ses missions dans le cadre naturel défini par la Constitution». Et dans ce même sillage, l'armée appelle à son tour les acteurs de la classe politique à comprendre qu'il est de l'intérêt du pays qu'elle soit épargnée des débats politiques. «Il est important que tout le monde se doit d'avoir conscience que les lourdes responsabilités dont est investie l'ANP font que son attachement à demeurer éloignée des questions qui ne sont pas de ses prérogatives, constitue un devoir national motivé par l'intérêt suprême de l'Algérie», soutient l'éditorialiste. Il précise enfin que «l'ANP demeurera l'honneur et la gloire du peuple algérien», une armée «républicaine» qui s'honore d'accomplir ses missions constitutionnelles avec dévouement et constance, et qui poursuit sa marche vers le progrès et la modernisation, «tout en se conformant pleinement aux lois de la République».