Le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, a recadré son collègue de l'Emploi, Mourad Zemali, sur la question de l'obligation de détenir la carte chifa pour se soigner dans les structures sanitaires publiques. Réagissant aux déclarations de Zemali sur la gratuité des soins faite la veille en marge d'une visite de travail effectuée dans la wilaya de Relizane, le ministère de la Santé a assuré, hier, par le biais d'un communiqué rendu public, que l'Etat continuera à garantir les soins sans conditionner la présentation de la carte Chifa. Le département de Hasbellaoui a insisté sur l'intransigeance du président de la République sur le principe de la gratuité des soins. «Le principe de gratuité des soins pour tous, ordonné par le président Bouteflika, est confirmé dans la loi 18-11 relative à la santé», a-t-on indiqué. La même source a précisé notamment que cette mesure «constitue un acquis irréversible pour notre système national de santé». En effet, les articles 13 et 21 disposent clairement que l'Etat assure la gratuité des soins, garantissant l'accès à tous les citoyens. «Aucun motif de quelconque nature ne fera obstacle à l'accès aux soins dans les structures hospitalières publiques», a-t-on souligné. Le ministre Hasbellaoui a estimé à cet effet qu'il ne faut pas «s'éloigner de cet acquis», assurant que l'Etat œuvre par tous les moyens pour garantir la pérennité du service public de santé. «La gratuité des soins pour tous les citoyens algériens est un droit et un acquis constitutionnel», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «La nouvelle loi de santé adoptée récemment approuve la gratuité des soins». Par cette déclaration, Hasbellaoui veut rassurer des milliers d'Algériens qui n'ont pas la carte chifa. Il n'est donc aucunement question d'abandonner la gratuité des soins ou de la conditionner par l'adhésion à la Sécurité sociale. Le ministre du Travail et de la sécurité sociale, Mourad Zemali, sévèrement critiqué sur la toile suite à ces déclarations, est, de son côté, revenu, hier, sur ses propos. Il a affirmé n'avoir à aucun moment évoqué la gratuité des soins lors de sa visite à Relizane. «J'ai évoqué la carte chifa dans le cadre du recensement des citoyens qui la détiennent, déclenché par notre département ministériel. Je n'ai à aucun moment parlé de gratuité des soins», a-t-il affirmé. «Il s'agit d'un acquis national à préserver, en application des orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a-t-il fait remarquer. Il a précisé par la suite que l'opération de recensement se fera en collaboration avec les services du ministère de la Santé et de la réforme hospitalière. A rappeler que lors de sa visite de travail effectuée dimanche à Relizane, Zemali avait indiqué que «les personnes ne détenant pas de carte chifa ne doivent pas accéder aux hôpitaux publics. Il n'y aura pas de soins possibles sans la présentation de la carte Chifa». «Les personnes déclarées aux services de la Sécurité sociale et leurs ayants droit sont les seules concernées par les droits aux soins gratuits dans les hôpitaux publics», avait-il indiqué à la presse. Il a estimé à cet effet que «la situation actuelle des caisses de sécurité sociale est intenable, en ce sens que tout le monde a accès aux soins, mais que ce n'est pas tout le monde qui paie ses cotisations». Les propos de Zemali ont choqué les citoyens, soulevant leur indignation, notamment sur les réseaux sociaux. De nombreuses pages Facebook ont raillé la vidéo de Zemali, et ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une remise en cause du principe de la gratuité des soins garanti par la Constitution et la loi sanitaire.