La crise à l'APN, opposant les députés des partis de la majorité présidentielle au président Saïd Bouhadja, entame sa deuxième semaine, sans qu'aucune issue ne pointe à l'horizon. Les députés du FLN, RND, MPA, TAJ et les Indépendants campent sur leur position d'exigence de départ du président de l'Assemblée, et ce dernier résiste et refuse de rendre le tablier. Face à cette situation, des acteurs politiques n'écartent pas l'éventualité de la dissolution de l'APN si la crise perdure. Ils évoquent aussi, la possibilité du report de la présentation du projet de loi de finances pour 2019, en raison du gel des activités de l'APN. Mais le ministre des Relations avec le parlement, Mahdjoub Bedda, n'envisage pas une telle solution pour le moment. «Il est trop tôt pour parler de report de l'adoption du projet de loi de finances. Nous ne sommes que début octobre», a-t-il déclaré, jeudi, en marge d'une séance plénière au Conseil de la nation. Le ministre a expliqué que son département avait pour mission la coordination de l'action, entre le gouvernement et les deux chambres du Parlement, dans le cadre des lois de la République et de la Constitution, afin de concrétiser la stabilité des institutions. «Le gouvernement suit de près l'évolution de la situation à l'Assemblée populaire nationale, d'autant que le Parlement, qui représente le pouvoir législatif, est son partenaire». Interrogé sur son lien avec la crise qui secoue la deuxième chambre du Parlement, le ministre s'en est défendu, expliquant : «Je suis ministre et je n'ai rien à voir avec la crise à l'APN». Dans un entretien accordé à un quotidien national, Saïd Bouhadja a affirmé que «le ministre chargé des Relations avec le Parlement est venu me voir, m'informant qu'il était porteur d'un message de la Présidence, me demandant de réintégrer le secrétaire général. Je pense que je suis très proche de la Présidence, qui n'a pas besoin de m'envoyer des messages». C'est le limogeage du secrétaire général de l'APN par le président de l'Assemblée, qui a fait éclater la crise, faut-il le rappeler. Selon M. Bouhadja, le patron du FLN, Djamel Ould Abbès, lui a demandé également de réintégrer le SG limogé. «J'ai été contacté par le secrétaire général du FLN, qui lui aussi, dit avoir entre ses mains une décision de la Présidence, d'annulation de la mise de fin de fonction du secrétaire général. Je lui ai dit : envoyez-moi cette décision, mais il ne l'a pas fait. Moi, j'attends la réponse de la Présidence. A partir de là, il y a eu la réunion au parti, et la collecte des signatures pour me pousser à la démission, et geler les activités de l'APN», a assuré encore Saïd Bouhadja. Mais en attendant une issue à la crise, l'APN est complètement bloquée. Les députés de la majorité ont gelé toutes les structures, et le président de l'APN a gelé des activités prévues dans le cadre de la diplomatie parlementaire. Ce dernier écarte toute possibilité de démission, tant que cela ne lui est pas demandé par la présidence de la République. «Il m'est impossible de m'incliner devant un mouvement primitif, qui veut geler les activités de l'Assemblée nationale et porter atteinte à la stabilité de l'institution. Le but de ce mouvement est d'attenter à l'image du pays et aux réformes du Président. Il y a un mois, le bureau a validé une motion, faisant l'éloge de mon travail en tant que président et les résultats obtenus en une année», a accusé M. Bouhadja. Il a déploré l'anarchie qui régnait au sein de l'Assemblée, dénonçant un ancien vice-président qui avait recruté à lui seul 87 employés, et d'autres députés qui ont pris jusqu'à 5 véhicules de service.