Après le gel des activités des chefs de groupes parlementaires, le secrétaire général du FLN met les pieds dans le plat en exprimant son soutien absolu aux députés. Ces derniers devraient annoncer le gel des travaux du bureau de l'Assemblée, où le projet de loi de finances vient d'être déposé. Alors que le président de l'Assemblée nationale, Saïd Bouhadja, campe sur sa décision de ne pas démissionner, hier des signes de fractures au sein du groupe des députés protestataires commençaient à apparaître. Si l'activité parlementaire consacrée à l'amitié algéro-mozambicaine a été annulée par Abdelhamid Si Affif, président de la commission des affaires étrangères, celle consacrée à l'amitié algéro-mexicaine s'est cependant tenue en présence de Mohamed Helali, vice-président de l'Assemblée, représentant les indépendants. Or, ces derniers sont signataires de la déclaration rendue publique, dimanche dernier, annonçant le gel des activités parlementaires jusqu'à ce que Bouhadja dépose sa démission. Hier, la maison FLN, à l'origine de ce micmac au palais Zighout Youcef, était en pleine effervescence. Réunis en urgence par le secrétaire général, Djamel Ould Abbès, les membres du bureau politique, les vice-présidents de l'Assemblée et les chefs des structures parlementaires ont débattu «la démarche» à suivre après le gel des activités du Parlement, sans toutefois sortir avec des actions claires. D'ailleurs, les quelques lignes du communiqué final ont été très laconiques et se résument à une déclaration de «soutien absolu» du parti aux députés contestataires, mais aussi une «satisfaction» à l'égard du RND, MPA et des indépendants pour leurs positions «pour la sauvegarde de l'institution législative, son bon fonctionnement et le respect de la majorité». Mais à en croire certaines indiscrétions, les députés auraient obtenu le feu vert du parti pour monter la crise d'un cran, dès aujourd'hui. «Lors de la réunion du bureau de l'Assemblée prévue aujourd'hui, les députés du FLN, du RND et des indépendants, qui représentent la majorité, soit 7 sur 9 membres, vont annoncer le gel des activités de ce bureau et se retireront par la suite. Ils savent qu'une telle décision bloquera les instances de l'Assemblée. Ce qui poussera inévitablement au pourrissement. Est-ce que le FLN et le RND sont prêts à assumer une telle situation dans le contexte politique actuel ? C'est la question que nous nous posons tous», révèlent nos sources. Mais bon nombre d'observateurs bien informés n'écartent pas la thèse selon laquelle la position de Saïd Bouhadja et son refus de céder à la pression n'est en fait que le résultat du soutien qu'il aurait obtenu auprès de la Présidence. «Bouhadja connaît très bien le FLN et son secrétaire général. C'est un enfant du système. Il n'aurait jamais adopté une telle position s'il n'avait pas le soutien du système, ou d'une partie du système, lui qui est connu comme étant proche de certains hauts responsables sécuritaires, mais aussi du Président, qui l'a désigné à la tête du Parlement, avant qu'il ne soit plébiscité par la majorité présidentielle. Il n'est pas exclu qu'il soit maintenu et sa destitution est annonciatrice d'une crise institutionnelle qu'aucun parti de l'alliance ne voudra assumer», explique un ancien vice-président de l'APN, du FLN. En tout état de cause, les prémices de cette crise pourraient apparaître si demain les vice-présidents de l'APN, qui auront reçu au bureau de l'Assemblée le projet de loi de finances, lèvent la séance. Le bureau a un rôle important étant donné qu'il reçoit tous les projets de loi, et les distribue aux différentes commissions. En clair, si les députés gèlent les activités du bureau, c'est carrément le blocage de l'Assemblée. Dans ce cas précis, que fera Saïd Bouhadja ? Cédera-t-il à la pression, ou continuera-t-il à exercer ses fonctions jusqu'à ce que ceux qui l'ont désigné se décident à réagir ? La question reste posée…