Pour le commun des Algériens,le syndicalisme est intimement lié à l'UGTA, ce syndicat né dans la foulée du mouvement national dont il constituera un des fers de lance. Mais les luttes ouvrières dans notre pays remontent à quelques années seulement avant le siècle dernier, vers 1890 plus exactement, avec les tous premiers syndicats ayant vu le jour principalement dans le Constantinois. Bien des Algériens s'y illustreront avant que l'autorité coloniale ne décide d'interdire toute organisation ouvrière et politique, au gré des conjonctures mondiales de l'époque faites de deux guerres et de conflits dans la sphère du travail. Ceci dit, le syndicalisme qui prenait place entre colonisation capitaliste et émergence du mouvement ouvrier, une sorte de syndicalisme revendicatif et de classe, rattaché au mouvement ouvrier français et dont la composante était faiblement «indigène», a poussé les travailleurs algériens à s'en détacher. Ils étaient convaincus que le combat pour leurs droits socioprofessionnels ne pouvait aboutir sous tutelle coloniale. D'où leur combat en tout premier lieu pour une nation algérienne indépendante. C'est ainsi que naquit l'UGTA, sur ordre du FLN et dont les dirigeants de l'époque étaient convaincus que la conscience nationale se devait de prendre le pas sur la conscience sociale. Autrement dit, les travailleurs algériens étaient invités à mettre entre parenthèses leur dynamique de revendications socioprofessionnelles, l'objectif premier étant la libération de la nation du joug colonial. L'indépendance acquise, l'UGTA ne se départira pas de son idéologie basée sur le souci de servir la nation, donc l'Etat qui dirigeait cette nation, et par ricochet, le pouvoir en place. Au point où cette vision «nationaliste» a fait que l'organisation chère à feu Aïssat Idir a accompagné fidèlement les options politico-idéologiques du pays. Avec l'avènement du pluralisme dans notre pays, consécutivement aux émeutes d'octobre 1988, avec son lot de partis politiques, mais aussi de syndicats «autonomes» qui n'ont jamais réussi à constituer un concurrent de poids pour le «syndicat historique», lui qui continue à adopter sa doctrine tout aussi historique. Malgré tout, le paysage syndical algérien s'est enrichi d'une floraison de mouvements, dont les plus emblématiques sont le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) et le syndicat national des personnels de l'administration publique (SNAPAP). D'autres syndicats catégoriels occupent le haut du pavé, dont les plus actifs sont ceux de l'éducation et de la santé. De Aïssat Idir à Redouane Osmane, le mouvement syndical algérien a évolué en épousant les mutations de la société.