Finalement, ils l'ont eu leur bazar en gilets jaunes. Ambiance bon-enfant ou pas, ça a chipoté, chicané, radoté sur les plateaux-télé, hier. Nous d'ici, on a jeté des coups d'œil, et, faut dire que c'était plutôt gris en lamentations. Contre la hausse des prix des carburants, prétexte au ras-le-bol social, ils ont fulminé, également, sur leur Macron, qui aura inauguré, jeudi dernier, le TGV des Marocains. Les boucs émissaires à l'origine de l'augmentation du pétrole, et donc, source de tous les problèmes, sont, parait-il, leurs cousins. Mais bon, faut bien des coupables, et, vouloir le lait, le beurre, l'argent du beurre, et la crémière qui va avec, ça connaît, les franchouillards. Quant au TGV entre Tanger et Casa, financé essentiellement par Fafa et les monarchies du Golfe, il en a mis du temps pour arriver en gare. Sept ans de chantier, et trois ans de retard, ça rappelle, selon l'expression consacrée, le serpent qui a beau courir, mais ne va pas plus vite que sa tête… Côté marocain, où aucune entreprise locale n'a participé à la réalisation de ce projet, ça n'a pas été la course à la joie, aussi. Malgré leurs très beaux gilets traditionnels, brodés et de velours, ils sont furax, et estiment que ce train est plutôt réservé à des gens friqués, particulièrement les touristes étrangers. Donc, loin d'être une priorité, cet investissement aurait du aller vers les infrastructures ferroviaires vétustes et les trains normaux. Avant ce TGV, que même l'Afrique du Sud, le Nigéria, ou, bien entendu, l'Algérie, n'ont pas pu se permettre, le déraillement d'un train classique avait provoqué la mort de sept personnes, le mois dernier, sur ces mêmes rails… Ceci dit, porter ou pas un gilet jaune ou brodé d'or blanc, n'empêche nullement d'avoir des défauts, pousser des gueulantes, et être empoisonneurs de la planète. Diesel, essence des camions et bagnoles, ou fuel pourri du transport maritime, comme le kérosène du transport aérien, tous carburent sans gilet de sauvetage ! Ça omet, en fait, de masquer les réalités du pouvoir d'achat dans la sphère terrestre. Les mots ronflants et hypocrites ne sauraient cacher, en TGV ou à pieds, l'atmosphère malade d'un environnement en déliquescence. Consommer, travailler, étudier, devient la routine infernale de ce monde ultra-stressé. Aller plus vite, plus haut dans un pseudo-confort, même revendiqué sous des gilets pare-balles, restera le mal du siècle. L'air vicié, l'eau polluée, la malbouffe ingurgitée, boostent les revendications d'un pouvoir d'achat, destiné à nourrir ce poison quotidien qu'est la société de consommation. Stupide, ce «système» à deux faces ? Jamais personne pour dire la vérité à des zombies robotisés, avant qu'ils n'atteignent le précipice. Ça se caresse dans le sens du poil, et ça avale alcool, drogue et anti-dépresseurs, pour ne pas être épuisés en «burn out» comme ils disent, au moment de partir en vacances, et se payer des croisières ou des séjours exotiques au Maroc, où y'a de l'herbe qui fait rire. Et c'est facile d'alpaguer le pétrole, les politiciens, les médias, les «experts» en écologie ou en économie. Bien qu'incompatibles, ils sont les mécanismes de la routine sans fin. Tout le monde les déteste, et ça proteste pour le «bien être», que l'on soit en France ou à Tataouine-les-bains. Comparaison mise à part, on est à la même enseigne. Sauf que notre pouvoir d'achat, à nous, est inclassable. Rogné, bouffé de partout, on s'imagine mal porter un gilet avec une couleur particulière…