Dans un communiqué publié hier, et ce, après le vote parlementaire de la révision constitutionnelle, c'est sous le titre de «'Double trahison» que l'association «Diaspora algérienne résidant à l'étranger» (Dare) condamne avec fermeté l'adoption de l'article 51. C'est tout à fait leur droit par les temps qui courent. Les signataires du communiqué n'épargnent pas les députés représentant la communauté algérienne établie à l'étranger, qu'ils accusent ni plus ni moins de trahison. L'association conclut en appelant à la mobilisation citoyenne sur les deux rives… En fait, l'article 51 de la nouvelle Constitution fait tomber des masques. Et il n'est qu'à rappeler que ce qui semblait n'être qu'une fiction s'avère être une réalité. C'est que certains de nos hauts responsables ont la double nationalité ! C'est la terrible révélation faite par un ex-membre du Conseil constitutionnel et actuellement membre de la Conférence des institutions constitutionnelles africaines. Sa parole n'est donc pas à mettre en doute. Allant plus loin dans ses propos, il révèle que ces binationaux ayant peur de perdre leurs postes et les gros salaires qui vont avec, auraient même déjà renoncé à leur passeport étranger pour ne garder que le vert national… «L'Algérie leur a laissé le choix entre les deux nationalités qu'ils détenaient, à la condition de démissionner de leurs postes de responsabilité dans le cas où ils choisissent de préserver la nationalité étrangère. Certaines personnalités, qui avaient une double nationalité, ont choisi de maintenir la nationalité algérienne tout en renonçant à leur nationalité française», a-t-il souligné. Vouloir le beurre, l'argent du beurre et la crémière qui va avec, c'est tentant mais, il est des responsabilités qui acceptent mal ce deal incompréhensible pour le citoyen lambda ! Ces responsables, ô combien cachotiers, ne savent pas encore quels postes de responsabilité sont concernés par l'article 51. Sans citer de noms, la même gorge profonde atteste que certains temporisent avant de choisir l'une ou l'autre des nationalités… L'article 51, sujet à de multiples controverses au sein des partis, a au moins le mérite de faire le ménage dans ce qui s'apparente à une véritable ménagerie ayant un pied ici et un autre là-bas chez Fafa... Et, il est tout à fait normal que l'on ait légiféré dans ce sens. L'égal accès aux fonctions et aux emplois au sein de l'Etat est garanti à tous les citoyens, sans autres conditions que celles fixées par la loi, mais des citoyens plutôt spéciaux, puisque sous deux drapeaux diversement appréciés, ça n'est certainement pas du goût des Algériens. L'opinion publique qui ignorait, jusque-là, ce «privilège» est en droit de se poser des questions relatives à cette double casquette. Comment l'ont-ils obtenue ? Pourquoi en ont-ils besoin ? Des interrogations qui ont le mérite d'éclairer pas mal de lanternes jusque-là tamisées au fronton de nos institutions. Longtemps taboue, la question va certainement diviser entre les deux rives et les deux cultures ! Que chaque haut responsable actuel ou à venir choisisse le «Dare» qui lui convient. Quant à l'association Diaspora algérienne résidant à l'étranger, elle serait bien plus avisée de réfléchir sur le devenir de nos ressortissants écartelés entre deux modes de vie plutôt que de s'indigner sur le sort de hauts responsables bien gâtés…